Encyclopédie des arts du cirque

Arts du cirque

Nala Damajanti, charmeuse de serpents hindoue

Affiche des Folies Bergère
Imprimerie F. Appel (Paris), 1895
Lithographie en couleur, 152 x 103 cm
BnF, département des Estampes et de la photographie, ENT DN-1 (APPEL,F.)-GRAND ROUL
© Bibliothèque nationale de France
Le XIXe siècle développe un goût insatiable pour les spectacles de curiosité et particulièrement pour les exhibitions de produits et de créatures exotiques. Dans ce contexte, le public européen fait un accueil enthousiaste à Nala Damajanti, la charmeuse de serpents « hindoue » arrivée des États-Unis, où elle rôde son métier de dresseuse lors de la saison 1885 du Barnum & London Circus. Découverte au Cirque d’Été en avril 1886, du 17 février au 18 mars 1887 aux Folies Bergère, elle part chez Hagenbeck avec ses huit boas au zoo de Stellingen à Hambourg, avant un retour à L’Alcazar en août 1887. Lorsqu’elle revient aux Folies Bergère en 1895, elle vient de quitter le Palace Theatre de Londres. Entre temps elle se produit en Espagne dont la Bibliothèque nationale, située à Madrid, possède plusieurs affiches de l’artiste.
Sans doute conseillée par un fin connaisseur du Mahabharata, la jeune Française née de parents vignerons à Nantey (Jura) le 4 juillet 1861 sous le nom d’Émilie Poupon, adopte la double identité des héros du chapitre « La Forêt » du 3e livre de cette épopée fabuleuse. Nala était un roi riche et beau, dresseur de chevaux sauvages, et Damajanti une reine que le malheur laisse un jour en pleine jungle, attaquée par un énorme serpent. Les artistes ont le privilège de refaire l’histoire : Nala Damajanti acquiert la faculté de charmer désormais les serpents, à l’aide d’une flûte, ce qu’elle accomplit avec grâce et assez de conviction pour inspirer, dit-on, Gaston Decamps, constructeur d’un automate à musique à son image. Début 1900, également, la mère du peintre Robert Delaunay commande au Douanier Rousseau (Henri Rousseau, 1844-1910), « La Charmeuse de serpents », que le peintre réalise en 1907 [Musée d’Orsay, Paris].
 
Sources :
William L. Stout, Olympian of the Sawdust Circle, « Nala Damajante » p. 70.
- La Lanterne du 28 avril 1886, p. 4, 3e col.
- Le Pays, journal des volontés de la France du 18 mars 1887.
- L’Officiel-artiste du 4 août 1887 : fin des représentations de Nala-Damajanti à l’Alcazar.
- Dossier pédagogique de l’exposition « Histoires d’automates », Neuilly-sur-Seine, 2013.