Encyclopédie des arts du cirque

Arts du cirque

Claire Heliot (Clara Pleßke, 1866-1953), dompteuse

Vers 1890
Impression photomécanique, 13,9 x 9,1 cm
BnF, département des Arts du spectacle, 4-ICO PER-12377
© Bibliothèque nationale de France
Pour les femmes nées au XIXe siècle, échapper à une existence conventionnelle, programmée, et gagner son émancipation est un rêve réalisable dans l’univers du spectacle et du divertissement. Atteindre ce but en dressant des animaux sauvages présente un danger constant que la dompteuse pense réduire en exerçant une forme d’éducation et en apprenant à connaître chacun de ses « élèves ». Dans l’Allemagne de cette époque, les pionnières du Mouvement des femmes, qui prônent une instruction et un droit au travail pour toutes, donnent en exemple le courage et la ténacité des femmes de cirque qui construisent librement leur destin.
Née en février 1866 à Halle/Saale, Clara Pleßke grandit dans la proximité des animaux du jardin zoologique de Leipzig où sa mère Bertha est soigneuse. Elle suit consciencieusement les conseils d’Ernst Pinkert, qui a ouvert une école de dressage, et se voit confier en 1890 un groupe de douze lions et quatre grands dogues par M. Nill, le directeur du zoo de Stuttgart. De la génération des deux Viennoises, Miss Senide (Senide Willardt) qui affronte ses fauves à mains nues et Tilly Bébé (Mathilda Rupp), qui joue avec eux comme une petite fille avec ses poupées, Claire Héliot s’invente un style en composant des tableaux, assise en robe longue dans un fauteuil Empire, au milieu de ce que les affiches intitulent « le boudoir des fauves ». Partie en tournée avec son équipe et son groupe de fauves, celle qu’on nomme « La Fiancée des lions », en référence au poème tragique du poète franco-allemand Adalbert de Chamisso (1781-1838), fait l’ouverture du Cirque Medrano fin 1898 et paraît à l’Hippodrome de Londres en 1900 et 1901. Grande, athlétique, elle évolue au milieu du groupe de bêtes sauvages sur la musique de Carmen, ou, telle une Walkyrie vêtue d’une robe à traîne, elle se dresse portant sur ses épaules Sacha, un lion de plus de cent vingt kilos. La presse est dithyrambique, sa loge croule sous les fleurs. Elle tourne en Allemagne, en Russie, aux États Unis, avec le même succès. Mais quand elle veut remplacer ses lions, trop vieux pour travailler, elle échoue à se faire obéir par les nouveaux et se fait même attaquer à Copenhague en 1907. Elle décide de se retirer et rend son groupe au zoo de Stuttgart.
 
Sources :
- Stephanie Haerdle, Keine Angste haben das ist Beruf ! Kunstreiterinnen, Dompteusen und andere Zirkusartistinnen, Berlin, AvivA, 2007.
- La Revue des deux Mondes du 15 mars 1951, article « Les Reines des Fauves » par Henry Thétard, p. 327-329.