Plus prisé que le terme acrobatie, celui d’art gymnastique désigne des athlètes rompus aux exercices sur divers agrès, trapèze, corde lisse ou barre fixe. Ainsi la troupe des Béchet’s, au programme du Cirque Fernando en mai 1888, agrémente ses performances d’éléments comiques comme l’illustre l’affiche ci-dessus. Deux acrobates en maillot et un clown en souquenille, faire-valoir des athlètes et voltigeur lui-même, enchaînent élans et passes autour d’une barre fixe simple, constituée à son apparition de bois creux. Nommée à l’origine « barre de suspension », elle est rebaptisée par les acrobates du terme allemand « reck », ce qui complique un peu l’annonce lorsque sur l’affiche, il est associé à « American ».
La concurrence est vive et la discipline se développe avec, notamment, la multiplication des barres et des difficultés techniques.
Les troupes de barristes, le plus souvent en trios, se croisent et se succèdent sur les scènes des premiers music-halls et sur les pistes des cirques de la Belle Époque : des Roumains, tels les Luppu ou les Poppescu, les Lauck-Dunbar, les Lexton, les Egelton, la troupe des frères Court… Des sportswomen nommées Mlle Neiss ou les sœurs Thérèse et Emma Hoffmann mettent au défi les spécialistes d’affirmer que la gymnastique aux barres fixes est essentiellement masculine !
 
Sources :
- « Au Cirque Fernando » dans La Justice du 22 mai 1888.
- Affiche des Bechet’s « L’Échelle humaine ou les merveilles de l’art gymnastique », vers 1885.