Fête des Invalides, baraque de lutteurs
Photographie d’Eugène Atget, 1898-1900
Réf. 3104 (Atget)
Photographie positive sur papier albuminé d’après négatif sur verre au gélatinobromure, 17,3 x 22,5 cm
BnF, département des Estampes et de la photographie, OA-615 (4)-PET FOL
© Bibliothèque nationale de France
Au fronton de la baraque de lutteurs photographiée par Eugène Atget à la Fête des Invalides, un calicot présente l’attraction en ses termes : « [Grand]e Arène sous la direction de Marseille jeune, premier lutteur du monde-Champion de Paris des arènes de la rue LePelletier (sic), exposition 1867, et des principales villes de France, le seul qui ait le droit de porter ce titre. Hors Concours. »
Cette publicité plonge l’observateur dans le monde très spécifique de la lutte. Le propriétaire, fondateur de ce métier (nom donné aux baraques de la foire), est Jean-Baptiste Marseille, dit Marseille le jeune, pour le distinguer de son frère Henri, l’aîné. Tous deux se sont formés à la lutte gréco-romaine, notamment avec Rossignol, dit Rollin, un découvreur de talent. Henri combat sous le nom du Meunier de la Palud et Jean-Baptiste, né à La Palud en 1833, s’impose comme Le Lion de La Palud.
En référence aux combats du cirque antique, le lieu des entraînements et des combats est baptisé « arène ». Les frères Marseille se font connaître à Paris dans l’arène du casino de la rue Cadet, une construction en bois fermée au printemps 1868, puis dans l’Arène athlétique du 31 rue Le Peletier. C’est là que Marseille le jeune remporte le triomphe dont il tire gloire. C’est l’époque où l’on peut défier, non sans risques, des adversaires comme Arpin Le Terrible Savoyard, Vincent dit le Rempart de l’Isère, et Faouët, le Fauve des Jungles. Des hommes aux muscles impressionnants et aux épithètes terribles s’empoignent dans les arènes en maillots de jambes de soie rose ou bleu ciel et caleçons galonnés ou frangés d’or.
Il existe une véritable culture du combat dans la banque, avec son langage, ses codes, ses façons d’opérer. Sur la parade s’affichent les « hommes du haut » dont l’un, muni d’un portevoix, présente à la foule – la trèpe – les avantages des lutteurs et lance les défis. Dans l’équipe, souvent, une femme-hercule n’est pas la dernière à confondre un amateur imprudent. Le bonisseur est accompagné d’un clown sur les tréteaux et d’un « baron » en bas, au milieu des badauds. Kees van Dongen, qui n’était pas « un gonse de banque », a côtoyé ce monde, employé d’abord comme « homme du bas ».
Jean-Baptiste épouse Mi Lou Mac, une habile tireuse à l’arc dont il eut 7 enfants. L’un d’eux, Ambroise, crée à son tour son « arène athlétique » à la fin du XIXe siècle. Modeste, la baraque d’Ambroise Marseille est cependant réputée sur les fêtes foraines. Dans une société où la culture physique, qui sculpte les corps et exalte des valeurs de bravoure, se met à la portée de tous, les lutteurs comme Marseille, La Boulange, Deville le Cuirassier ou Chalzet le Frappeur, font figure de modèles. Il arrive qu’ils soient recherchés pour participer à des tableaux vivants où ils incarnent, sans bouger, des sujets peints ou modelés par des artistes contemporains.
Voir aussi :
- Kees van Dongen, La mort du lutteur, gouache et aquarelle, 1905, Kunstmuseum Den Haag.
- Professeur Desbonnet, Les Rois de la Lutte, 1910. Chapitre sur Marseille Aîné.
- La parade des lutteurs d’Ambroise Marseille dans La Culture physique n°192 du 1er janvier 1913.
- Contrat manuscrit signé entre Lucien Malpertuis, administrateur du Théâtre des Tableaux Vivants et Ambroise Marseille et sa troupe, dans le cadre de l’Exposition universelle de 1900.
Cette publicité plonge l’observateur dans le monde très spécifique de la lutte. Le propriétaire, fondateur de ce métier (nom donné aux baraques de la foire), est Jean-Baptiste Marseille, dit Marseille le jeune, pour le distinguer de son frère Henri, l’aîné. Tous deux se sont formés à la lutte gréco-romaine, notamment avec Rossignol, dit Rollin, un découvreur de talent. Henri combat sous le nom du Meunier de la Palud et Jean-Baptiste, né à La Palud en 1833, s’impose comme Le Lion de La Palud.
En référence aux combats du cirque antique, le lieu des entraînements et des combats est baptisé « arène ». Les frères Marseille se font connaître à Paris dans l’arène du casino de la rue Cadet, une construction en bois fermée au printemps 1868, puis dans l’Arène athlétique du 31 rue Le Peletier. C’est là que Marseille le jeune remporte le triomphe dont il tire gloire. C’est l’époque où l’on peut défier, non sans risques, des adversaires comme Arpin Le Terrible Savoyard, Vincent dit le Rempart de l’Isère, et Faouët, le Fauve des Jungles. Des hommes aux muscles impressionnants et aux épithètes terribles s’empoignent dans les arènes en maillots de jambes de soie rose ou bleu ciel et caleçons galonnés ou frangés d’or.
Il existe une véritable culture du combat dans la banque, avec son langage, ses codes, ses façons d’opérer. Sur la parade s’affichent les « hommes du haut » dont l’un, muni d’un portevoix, présente à la foule – la trèpe – les avantages des lutteurs et lance les défis. Dans l’équipe, souvent, une femme-hercule n’est pas la dernière à confondre un amateur imprudent. Le bonisseur est accompagné d’un clown sur les tréteaux et d’un « baron » en bas, au milieu des badauds. Kees van Dongen, qui n’était pas « un gonse de banque », a côtoyé ce monde, employé d’abord comme « homme du bas ».
Jean-Baptiste épouse Mi Lou Mac, une habile tireuse à l’arc dont il eut 7 enfants. L’un d’eux, Ambroise, crée à son tour son « arène athlétique » à la fin du XIXe siècle. Modeste, la baraque d’Ambroise Marseille est cependant réputée sur les fêtes foraines. Dans une société où la culture physique, qui sculpte les corps et exalte des valeurs de bravoure, se met à la portée de tous, les lutteurs comme Marseille, La Boulange, Deville le Cuirassier ou Chalzet le Frappeur, font figure de modèles. Il arrive qu’ils soient recherchés pour participer à des tableaux vivants où ils incarnent, sans bouger, des sujets peints ou modelés par des artistes contemporains.
Voir aussi :
- Kees van Dongen, La mort du lutteur, gouache et aquarelle, 1905, Kunstmuseum Den Haag.
- Professeur Desbonnet, Les Rois de la Lutte, 1910. Chapitre sur Marseille Aîné.
- La parade des lutteurs d’Ambroise Marseille dans La Culture physique n°192 du 1er janvier 1913.
- Contrat manuscrit signé entre Lucien Malpertuis, administrateur du Théâtre des Tableaux Vivants et Ambroise Marseille et sa troupe, dans le cadre de l’Exposition universelle de 1900.
BnF, Éditions multimédias, 2021