Intaille magique : Héraclès combattant le lion de Némée
Alexandrie (?), IIe - IIIe siècle après J.-C.
Jaspe rouge, 5 x 3,1 cm
BnF, département des Monnaies, Médailles et Antiques, intaille 2220 bis
© Bibliothèque nationale de France
Les intailles « magiques » sont des amulettes, généralement à valeur apotropaïque, c’est-à-dire chargées de protéger leur porteur de maladies ou d’influences néfastes. Elles sont faites de pierres semi-précieuses, souvent des variétés de quartz (améthystes, calcédoines, jaspes de diverses couleurs) ou des hématites, des lapis-lazuli… En elles-mêmes ou par leur couleur, certaines pierres ont des vertus, médicales, astrologiques ou magiques, comme en témoignent Pline l’Ancien (Histoire naturelle, tome XXXVII) ou Galien, médecin grec du IIe siècle. Cette valeur est renforcée par l’iconographie et par les inscriptions, qui révèlent un mélange d’influences grecques, égyptiennes, syriaques et juives. La majorité des dieux ou, plutôt, des génies représentés sont égyptisants ou hellénisants. Les inscriptions, généralement en caractères grecs, transcrivent parfois des mots sémitiques ou égyptiens ; beaucoup cependant sont indéchiffrables, soit qu’elles utilisent un langage « codé », soit qu’elles transcrivent dans l’alphabet grec un dialecte local, à moins encore qu’elles ne soient dépourvues de sens, ce qui semble en augmenter la puissance magique. On y trouve par exemple des répétitions de syllabes comparables à notre « abracadabra » ou la série des voyelles, symboles des planètes.
La symbolique de ces gemmes, de même que les formules rituelles qui y sont gravées, les rapproche des papyrus magiques de l’égypte gréco-romaine, qui s’échelonnent à peu près entre le IIe siècle avant J.-C. et le Ve siècle : la provenance et la datation des intailles doivent être à peu près similaires. Alexandrie, ville cosmopolite où se côtoyaient Grecs, égyptiens et Juifs, est considérée comme le principal centre de fabrication de ces objets.
La gemme présentée ici est ornée d’un côté du combat d’Héraclès, nu, avec le lion, qui symbolise à l’évidence la victoire sur le mal. En exergue sont gravés trois K ornés de petites boules (il s’agit probablement de l’abréviation d’une formule magique contre les coliques) et une étoile pommetée. L’inscription en caractères grecs qui entoure la moitié supérieure de la pierre explicite sa vertu médicale : « Va t’en, bile. La divinité te poursuit ». Au revers, une triple Hécate, à trois têtes, six bras et six pieds, brandit deux fouets, deux torches et deux glaives. Cette divinité grecque était devenue au temps de l’Empire romain la grande déesse de la magie. Au-dessus d’elle est inscrit le nom de Iaô, dérivé du Yahvé hébraïque et devenu l’un des plus importants génies protecteurs contre les démons malfaisants ; au-dessous se trouve le nom cosmique Abrasax, dont la somme des chiffres représentés par les lettres qui le composent est égal à 365, et qui est symbolisé parfois par un serpent à tête de coq. Ces deux noms sont donc sans rapport avec la représentation figurée mais servent à accroître la puissance talismanique de l’objet.
La symbolique de ces gemmes, de même que les formules rituelles qui y sont gravées, les rapproche des papyrus magiques de l’égypte gréco-romaine, qui s’échelonnent à peu près entre le IIe siècle avant J.-C. et le Ve siècle : la provenance et la datation des intailles doivent être à peu près similaires. Alexandrie, ville cosmopolite où se côtoyaient Grecs, égyptiens et Juifs, est considérée comme le principal centre de fabrication de ces objets.
La gemme présentée ici est ornée d’un côté du combat d’Héraclès, nu, avec le lion, qui symbolise à l’évidence la victoire sur le mal. En exergue sont gravés trois K ornés de petites boules (il s’agit probablement de l’abréviation d’une formule magique contre les coliques) et une étoile pommetée. L’inscription en caractères grecs qui entoure la moitié supérieure de la pierre explicite sa vertu médicale : « Va t’en, bile. La divinité te poursuit ». Au revers, une triple Hécate, à trois têtes, six bras et six pieds, brandit deux fouets, deux torches et deux glaives. Cette divinité grecque était devenue au temps de l’Empire romain la grande déesse de la magie. Au-dessus d’elle est inscrit le nom de Iaô, dérivé du Yahvé hébraïque et devenu l’un des plus importants génies protecteurs contre les démons malfaisants ; au-dessous se trouve le nom cosmique Abrasax, dont la somme des chiffres représentés par les lettres qui le composent est égal à 365, et qui est symbolisé parfois par un serpent à tête de coq. Ces deux noms sont donc sans rapport avec la représentation figurée mais servent à accroître la puissance talismanique de l’objet.
BnF, Éditions multimédias, 2021