Homme de théâtre exigeant, dramaturge, acteur, metteur en scène, Dario Fo (1926-2016), engagé dans une résistance contre tous les fascismes, utilise les outils et le langage, universels, de la pantomime et de la farce pour toucher tous les publics. Ses maîtres sont Shakespeare et Molière, mais aussi son compatriote Ruzzante (Angelo Beolto), véritable précurseur de la commedia dell’Arte, qui invente une forme d’esperanto de la scène en écrivant ses pièces dans les dialectes locaux et certaines langues européennes mâtinées d’onomatopées.
Architecte de formation, scénographe, il investit la scène et l’espace théâtral, du tréteau des bateleurs et autres paradistes aux salles conventionnelles dans toutes leurs dimensions. Sa fascination pour les décors mouvants et toutes créations de Deus ex machina de l’Antiquité ou de la Renaissance alimente son esprit inventif. Sa réalisation d’un Médecin Volant en bénéficie particulièrement.
Malgré sa réputation de fantaisiste et les réserves que lui valent ses prises de position et ses combats politiques partagés avec sa compagne Franca Rame, sa démarche artistique, qui s’exerce de la rue à l’écran, est largement reconnue, et particulièrement dans le domaine du théâtre. Sa riche production lui vaut un Prix Nobel en 1997 en tant qu’auteur, et un Molière en 2000, à Paris, en tant que metteur en scène pour Mort accidentelle d’un anarchiste, parmi d’autres distinctions. L’une des pièces qu’il représente à la Comédie-Française, Mystère Bouffe est entrée en 2010 au répertoire de l’institution.