Dranem (Armand Ménard), comique de variété
D’après un dessin d’André Barrère
Affiche avant la lettre pour l’Eldorado, 1900
Lithographie en couleur, 50 x 36 cm
BnF, département des Estampes et de la photographie, ENT DN-1 (BARRERE,Adrien)
© Bibliothèque nationale de France
Armand Ménard (1865-1935) enfile son nom à l’envers pour devenir Dranem à la scène. Comédien au Théâtre Antoine, « comique comique » au cabaret, cet « idiot de génie » selon Francisque Sarcey, sa « poupoute » sur la tête, a une dégaine de véritable clown dont l’espace est une scène, à part une saison dans la piste de Medrano.
Adolphe Brisson écrit le décrit ainsi en 1905 : « Un pantalon à carreaux sanglé, trop court, laissant apercevoir les chaussettes ; un veston étriqué et miteux ; non pas des pieds, des bateaux ; un énorme nœud de cravate rose géranium ; un minuscule couvre-chef en feutre déteint ; des cheveux roux ; un pif écarlate, écrasé comme une tomate, au centre d’une face blême ; des lèvres fendues au coup de sabre jusqu’aux oreilles, riant d’un rire muet. Ce rire est communicatif. Pourquoi rit-on ? On ne sait... On rit parce que lorsque Dranem rit, il faut rire, et qu’on ne peut s’en empêcher. Cet homme est grotesque ; il l’est immensément, épiquement : qu’il marche en butant à chaque pas, qu’il s’arrête et se dandine sur des jambes flageolantes, qu’il se taise, qu’il parle, qu’il se cache la tête dans un mouchoir de cotonnade, comme pour y vomir la fin de ses phrases, ou qu’il les lance au nez des spectateurs en ayant l’air de se moquer d’eux et de lui-même, une drôlerie intense jaillit de sa personne tout à la fois falote et robuste, de sa silhouette de pochard... Ce qu’il dit ? C’est à tel point inepte, plat, grossier, qu’aucun mot ne le saurait rendre... Qu’importe ! Dranem peut raconter tout ce qu’il voudra ; on l’écoute à peine, on le regarde ; on se divertit de sa grimace, de son crane en poire, de son petit chapeau pelé et râpé, des soubresauts de son corps dégingandé, de sa bouche hilare... Il rit ; et l’on s’en veut de rire, et l’on se demande pour quelle cause on rit ; et l’on ne comprend pas... ; mais on rit. »
> Écouter :
- la chansonnette comique Sous les gothas
- Elle m’aime pas
Adolphe Brisson écrit le décrit ainsi en 1905 : « Un pantalon à carreaux sanglé, trop court, laissant apercevoir les chaussettes ; un veston étriqué et miteux ; non pas des pieds, des bateaux ; un énorme nœud de cravate rose géranium ; un minuscule couvre-chef en feutre déteint ; des cheveux roux ; un pif écarlate, écrasé comme une tomate, au centre d’une face blême ; des lèvres fendues au coup de sabre jusqu’aux oreilles, riant d’un rire muet. Ce rire est communicatif. Pourquoi rit-on ? On ne sait... On rit parce que lorsque Dranem rit, il faut rire, et qu’on ne peut s’en empêcher. Cet homme est grotesque ; il l’est immensément, épiquement : qu’il marche en butant à chaque pas, qu’il s’arrête et se dandine sur des jambes flageolantes, qu’il se taise, qu’il parle, qu’il se cache la tête dans un mouchoir de cotonnade, comme pour y vomir la fin de ses phrases, ou qu’il les lance au nez des spectateurs en ayant l’air de se moquer d’eux et de lui-même, une drôlerie intense jaillit de sa personne tout à la fois falote et robuste, de sa silhouette de pochard... Ce qu’il dit ? C’est à tel point inepte, plat, grossier, qu’aucun mot ne le saurait rendre... Qu’importe ! Dranem peut raconter tout ce qu’il voudra ; on l’écoute à peine, on le regarde ; on se divertit de sa grimace, de son crane en poire, de son petit chapeau pelé et râpé, des soubresauts de son corps dégingandé, de sa bouche hilare... Il rit ; et l’on s’en veut de rire, et l’on se demande pour quelle cause on rit ; et l’on ne comprend pas... ; mais on rit. »
> Écouter :
- la chansonnette comique Sous les gothas
- Elle m’aime pas
BnF, Éditions multimédias, 2021