Encyclopédie des arts du cirque

Arts du cirque

Richard Sands et ses deux fils, jeux icariens

Dans Jongleur et mandarin, folie en un acte de M. Fontaine
Théâtre des Variétés, 1845
Dessin d’Adolphe Euclide Lacauchie (1806-1853), extrait de la Galerie dramatique, 161-162
Imprimerie Rigo (Paris), pour la Maison Martinet
Lithographie en couleur, 18 x 29 cm
BnF, Bibliothèque-musée de l’Opéra, C-261 (18,161-162)
© Bibliothèque nationale de France
Américains l’un et l’autre, Richard Sands et Richard Risley Carlisle (1814-1874) sont souvent confondus. Dans son Histoire de l’art dramatique, Théophile Gautier s’extasie sur les performances « mirifiques » de M. Sands et de ses enfants, qu’il voit pour la première fois au Théâtre du Vaudeville en mai et juin 1845. M. Sands, dans le rôle d’un jongleur – saltimbanque – en représentation à la cour d’un mandarin chinois, exécute avec deux enfants un travail de portés puis, allongé sur le dos, de jeux icariens qui sidèrent le public. Dans certaines traditions culturelles s’observent dès le XVIIe siècle une forme de jonglage ou d’équilibre d’objets sur la plante des pieds, prémices de ce que l’on nomme depuis l’antipodisme. Mais la propulsion et la manipulation d’enfants ou d’adultes légers, qui volent et pirouettent dans les airs sur le même mode est une révélation.
En vérité, ces exercices auraient été conçus par celui qui se fait connaître comme « le Professeur Risley », artiste de force et d’agilité. Relatée par la presse à partir de 1842 – dans La Gazette de Boston –, la performance, réalisée d’abord avec son fils ainé, petit « Cupidon » âgé de cinq ans, lui vaut une tournée triomphale à travers l’Occident et toute l’Asie. Il en réalise notamment une démonstration virtuose avec ses fils John et Henry au cours de La Biche au bois, pièce programmée du Théâtre de la Porte Saint-Martin, du 5 août au 12 septembre 1845. Cette nouvelle version de «  jongleur d’enfans » (sic), deux mois après la performance de Sands dans Jongleur et mandarin, amène la presse à relativiser son précédent enthousiasme pour Sands, qualifié de « Risley faux teint », qui marque définitivement son territoire. Ainsi, dans les pays anglo-saxons et jusqu’en Australie, les jeux icariens sont toujours désignés, dans les écoles et les enseignes circassiennes du XIXe siècle sous l’appellation de Risley Act.
 
Sources :
- Théophile Gautier, Histoire de l’art dramatique en France depuis vingt-cinq ans., tome 4, 1858.
- Frederick L. Schodt, Professeur Risley and the Imperial Japanese Troupe, p. 32 à 61.
- Le Tintamarre du 3 août 1845, p. 5, fin de 1re colonne.