Le kabuki (歌舞伎), théâtre chanté, parlé et dansé, très ancré dans la culture populaire du Japon, est né au XVII^e siècle. Sa forme, épique, très codifiée, donne une dimension outrée, spectaculaire, à des contes historiques ou simplement des faits divers. Les thèmes de l’amour et de la mort, traités sous l’angle de la trahison et de la vengeance, sont particulièrement présents dans l’histoire de Yotsuya-Kaidan (四谷怪談?), pièce en cinq actes écrite par Tsuruya Namboku IV en 1825 sous le titre original de Tôkaido Yotsuya Kaidan. Dans les récits de meurtres, récurrents, les spectres prolongent l’action des vivants selon les croyances populaires largement partagées dans les pays d’Asie du Sud-Est.
Le spectre d’Oiwa-san, tuée par son mari, Tamiya Iemon, le samouraï déchu, est un sujet constant chez les illustrateurs du Monde flottant – ukiyo-e. Utagawa Kuniyoshi (1798-1861) figure par une traînée de lumière le lien entre la lanterne de temple et le fantôme de la femme jalouse où se réfugie son esprit vengeur, que Katsushika Hokusai, avait fusionné en 1830 dans sa propre interprétation du Fantôme d’Oiwa-san.
L’évocation des fantômes célèbres sur la scène du kabuki fait l’objet de conventions que le costume et le maquillage ne suffisent pas à suggérer. Leur brusque apparition, leur matérialisation ou leur envol mettent en jeu toute une machinerie comparable aux voleries ou aux gloires des scènes occidentales du XVIII^e siècle.
 
En savoir plus :
- sur le kabuki
- sur l’ukiyo-e
- Autre estampe de spectre d’Onoe Kikugorō III dans la collection Lyon et Mike Lyon, États-Unis : © 2013 Lyon Collection and Mike Lyon — Kansas City, Missouri, USA — all rights reserved — [0.7659s/9.00M]
 
Source :
- Jeanne Sigée, Les spectres de Yotsuya, drame de Tsuruya Namboku, éditions de l’Asiathèque, Bibliothèque de l’Institut des hautes études japonaises, 1996.