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Denise Colomb, française, est née en 1902. Elle est, avec Rogi
André, une des plus grandes portraitistes du milieu du siècle. Le portrait d'Antonin
Artaud, dont elle saisit l'expression angoissée, est le premier de ses portraits
d'artistes. Après l'avoir réalisé, elle a raconté comment elle avait vécu ce moment :
"Il changeait tout le temps d'expression. J'avais à peine le temps d'armer et
d'appuyer. Ses mains étaient aussi tragiques que son visage. On aurait dit qu'il avait
des menottes. J'étais bouleversée."
Elle s'est ensuite rendue pendant des années dans les ateliers, à la rencontre des
peintres et des sculpteurs pour interroger sans cesse le mystère de la création
artistique, sur leurs traits comme dans le désordre de leur atelier.
Le portrait de Nicolas de Staël rend compte de sa personnalité inquiète. Il a le regard
perdu dans des horizons lointains, comme ceux qu'il a souvent représentés sur ses
toiles. Denise Colomb a défini cette rencontre comme le grand choc de sa carrière.
Le portrait de Françoise présente un autre intérêt. En utilisant la technique de la
solarisation inventée par Man Ray, Denise Colomb a voulu imiter la technique du dessin
avec la photographie et, comme Rogi André, a voulu dessiner avec la lumière un portrait
dans le style de Picasso, où la vision de profil se mêle à la vision de face. |