Le Chevalier et les esprits

Lord Alfred Tennyson a relancé l’intérêt pour la matière arthurienne en Angleterre avec ses Idylles du roi, série de douze longs poèmes narratifs parue à partir de 1859. Gustave Doré, alors au sommet de sa carrière internationale d’illustrateur, crée 9 gravures sur acier pour chacun des trois volumes réédités en 1867 et aussitôt traduits en français, Elaine, Viviane et Guenièvre. Dans un clair-obscur où les rayons de la pleine lune illuminent la forêt nocturne, un chevalier médiéval observe les jeux bucoliques de petits esprits ailés rappelant curieusement les putti de la Renaissance italienne. Entre joie et mélancolie, cette scène, racontée par une jeune novice, parle de son père et des rencontres merveilleuses qu’il a faites avant que le péché de Guenièvre n’entraîne la fin de cet âge d’or. Elle illustre ainsi un topos de la fantasy – comment la magie a disparu de notre monde, et avec elle toutes les créatures fabuleuses qui le peuplaient.