La sorcière de Dürer

Albrecht Dürer, dont les peintures et gravures (ici un burin de 1500-1501) sont d’une importance majeure dans l’histoire de l’art, a représenté une sorcière à la symbolique particulièrement riche, selon son habitude. Synthèse de nombreuses traditions antiques et ésotériques, elle chevauche à l’envers (motif de l’inversion), en la tenant fermement par la corne une chèvre (animal associé au diable) dotée d’une queue de poisson – autrement dit, un Capricorne, signe astrologique du début stérile de l'hiver, gouverné par la planète de la mélancolie, Saturne. À la main, elle tient une quenouille et un fuseau, soit les attributs de Clotho, la fileuse, une des Moires ou Parques, maitresses du destin – une pluie de projectiles célestes semble d’ailleurs tomber du coin supérieur gauche de l’estampe. Ces attributs dressés, la puissance virile de ce corps de vieille femme et la domination qu’elle semble exercer sur les quatre putti, lui confèrent enfin une véritable ambivalence sexuelle.