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Banquet de Charles V le sage
 

Banquet de Charles V le sage
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Le tapis d’azur fleurdelisé et le drap d’or
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Charles V
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Wenceslas & Charles IV
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L’archevêque de Reims et quelques proches…
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Les hérauts
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Le maître d’hôtel et les écuyers
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La table
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Les entremets
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Cette œuvre fait partie du cycle de peintures exécuté par Jean Fouquet vers 1460 pour illustrer un exemplaire des Grandes Chroniques de France, probablement destiné au roi Charles VII. Elle clôt le récit de la visite que le roi de France, Charles V († 1380), reçut de son oncle maternel, l'empereur Charles IV de Bohême († nov. 1378) qui vint en France, au cours de l'hiver 1377-1378, accompagné de son fils aîné, le prince Wenceslas, comte de Luxembourg et roi des Romains. Au XVe siècle, la reconstitution archéologique n'existe pas encore en France. Fouquet a donc imaginé la scène à partir du texte du manuscrit et l'a replacée à sa propre époque.

Le soixante-quatrième chapitre du livre des Grandes Chroniques, consacré au règne de Charles V, expose de façon détaillée la réception qui suivit l'arrivée à Paris des deux souverains. À la différence du reste des Chroniques, ce passage n'a pas été rédigé à Saint-Denis mais dans l'entourage direct de Charles V et peut-être par son propre chancelier, Pierre d'Orgemont, qui narre d'autant mieux les faits qu'il dut en être le témoin.

Le 6 janvier 1378, en la fête de l'Épiphanie, Charles V convia son oncle et son cousin à un banquet préparé dans la grand salle du Palais de la Cité. À cette occasion, il y eut foule dans cette salle où d'ordinaire se tenait le lit de justice (siégeait le parquet). D'après les hérauts, chargés de la bonne ordonnance du banquet, huit cents chevaliers, sans compter les gens de la cour et les prélats, y participèrent. Le texte à aucun moment ne parle de la présence de la reine et des princesses. Il s'agit d'un repas officiel et public auquel seuls les hommes semblent participer, les dames, dans une telle circonstance, prenant sans doute leur repas en privé. Quoi qu'il en soit, l'auteur ne signale guère leur présence dans la grand salle. Cinq dais destinés à abriter les plus hauts dignitaires, y compris celui de la table de marbre à laquelle étaient assis les souverains, avaient été disposés, ainsi que trois dressoirs à vins, très richement parés, garnis de vaisselle d'or et de grands flacons d'argent émaillé.

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Banquet de Charles V le sage

Grandes Chroniques de France

Le 6 janvier 1378, jour de la fête de l’Épiphanie, le roi Charles V le Sage donne un banquet en l’honneur de Charles IV, empereur de Bohême, et de son fils Wenceslas, roi des Romains.

Le tapis d’azur fleurdelisé et le drap d’or

L'artiste s'est conformé avec beaucoup d'exactitude à la description de la salle qui avait été, pour cette cérémonie, tendue de drap d'or. Cet habillage qui va des murs jusqu'au ciel du grand dais, s'étend même aux embrasures et aux meneaux des fenêtres comme le précise le texte. Un tapis d'azur fleurdelisé couvre les trois marches de l'estrade sur laquelle se trouve la table de marbre, garnie d'une nappe blanche. Un drap d'or masque également la banquette.

Charles V

Fouquet a mis toute sa rigueur dans l'emploi du nombre d'or, appelé aussi "divine proportion", pour mettre en valeur non seulement les personnalités du banquet mais l'événement lui-même. La section dorée des longs côtés de la peinture englobe la table et la banquette, le bord inférieur de la nappe et le haut du dossier correspondant aux deux divisions harmoniques selon le nombre d'or. Les têtes des convives sont situées juste au-dessus de cette section dorée et la main dressée de l'empereur est placée au-dessus du centre géométrique de la scène, mettant l'accent sur le dialogue qui s'échange entre l'oncle et le neveu.

Wenceslas & Charles IV

Les silhouettes des deux rois se détachent sur l'azur des petits dais fleurdelisés dressés sous le grand dais doré.

L’archevêque de Reims et quelques proches…

qui  se tiennent serrés, debout sur la gauche, rappelant la présence de nombreux assistants alentour des tables.

Les hérauts

Au premier plan, les hérauts sonnent de la trompette pour annoncer l'arrivée de l'un des nombreux mets.

Le maître d’hôtel et les écuyers

Précédés d'un maître d'hôtel tenant une grande canne et portant une écharpe blanche nouée en bandoulière, deux écuyers tranchants, vêtus de cottes-hardies à manches ouvertes, apportent des plats remplis de victuailles. Des plats creux sont retournés sur la nourriture – des oiseaux (pigeons, cailles ou perdrix ?) rôtis dans le plat de droite – pour la maintenir au chaud, la distance entre le lieu du banquet et les cuisines étant suffisante pour que par temps d'hiver les mets soient refroidis en arrivant sur les tables.

La table

Les convives ont les mains posées sur des serviettes blanches individuelles, déployées sur la nappe. En face de chacun sont disposés : une assiette creuse en or, deux couteaux pointus à manche recourbé, deux petits pains ronds et une petite boîte dorée et fermée, peut-être une salière près de laquelle une serviette blanche de rechange est pliée. Le moment choisi par Fouquet étant le début du repas, il n'y a pas de verres ou de gobelets d'or sur la table, les échansons n'ayant pas encore accompli leur service.

Les Chroniques rapportent que le roi avait ordonné quatre assiettes, c'est-à-dire quatre services de quarante paires de mets. Toutefois, il réduisit le nombre des assiettes à trois de trente paires de mets pour que son oncle, âgé, ne soit pas obligé de rester trop longtemps assis. Bien qu'il s'agisse d'une somptueuse réception, la multiplicité des plats peut paraître étonnante. En fait, chaque convive se servait des plats qui étaient à sa portée et ne goûtait pas à tout, ce qui eût été inconvenant. Entre ces différents services, il y eut deux entremets, sorte d'intermèdes qui étaient joués devant les convives.

Les entremets

Ces entremets allongeaient considérablement la durée du repas. Les Chroniques précisent que lorsque le banquet prit fin, on ôta les nappes et l'on donna l'eau à l'empereur et au roi puis au roi des Romains pour qu'ils se lavent les mains. Les épices et le vin furent ensuite servis. Il était si tard quand s'acheva ce cérémonial que la nuit commençait à descendre. Aussi, le roi et ses hôtes soupèrent-ils privément dans leurs chambres respectives.