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La Genèse : Création d’Adam et Ève Dieu ; Péché originel ; Adam et Ève chassés du Paradis

Bible de Vivien, dite Première Bible de Charles le Chauve
La Genèse : Création d’Adam et Ève Dieu ; Péché originel ; Adam et Ève chassés du Paradis
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La place de l’enluminure est indissociable de la question des images qui déchire la chrétienté au 8e siècle. Alors que Rome recourt aux images pour magnifier la Création et la Parole divine, Byzance dénonce l’idolâtrie et récuse officiellement les images. Le concile de Nicée tranchera finalement la question en faveur du pape, affirmant le rôle pédagogique des images.

Dès l'époque carolingienne, les arbres, qui ponctuent ici le paysage et sont naturellement appelés par la représentation du paradis terrestre, jouent aussi commodément le rôle de césure dans le récit graphique.

Selon Grégoire-le-Grand, les images sont investies d’une triple fonction : instruire les illettrés, fixer la mémoire de l’histoire sainte et susciter un sentiment de componction chez les fidèles, mais elles ne sauraient être adorées.

Les Carolingiens reprennent ces idées. Pour eux, l’image a une portée purement instrumentale : s’adressant avant tout aux fidèles, elle a pour fonction de rappeler les hauts faits de l’histoire sainte. Nullement décriée, sa valeur esthétique est destinée à susciter une réaction affective de la part de ceux qui la contemplent.

C’est à Tours que les artistes recommencent à illustrer le texte sacré, de façon moderne et originale, par des cycles d’illustrations narratifs s’inspirant de modèles de la Basse Antiquité. Dans cette Bible monumentale, cadeau de l’abbé laïque Vivien (843-851) et des moines de l’abbaye Saint-Martin de Tours, à Charles le Chauve, huit peintures en pleine page représentent des épisodes de l’Ancien et du Nouveau Testament. Ici la Genèse : disposées en trois registres, les scènes figurent successivement la Création d’Adam et Ève, le Péché originel, l’expulsion du Paradis et les travaux d’Adam et Ève.

« Alors Yahvé Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant.
Yahvé Dieu planta un jardin en Éden, à l’orient, et il y mit l’homme qu’il avait modelé.
Yahvé Dieu fit pousser du sol toute espèce d’arbres séduisants à voir et bons à manger, et l’arbre de vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal.

Un fleuve sortait d’Éden pour arroser le jardin et de là il se divisait pour former quatre bras. Le premier s’appelle le Pishôn : il contourne tout le pays de Havila, où il y a l’or ; l’or de ce pays est pur et là se trouvent le bdellium et la pierre de cornaline. Le deuxième fleuve s’appelle le Gihôn : il contourne tout le pays de Kush. Le troisième fleuve s’appelle le Tigre : il coule à l’orient d’Assur. Le quatrième fleuve est l’Euphrate.

Yahvé Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Éden pour le cultiver et le garder.
Et Yahvé Dieu fit à l’homme ce commandement : Tu peux manger de tous les arbres du jardin.
Mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal tu ne mangeras pas, car, le jour où tu en mangeras, tu deviendras passible de mort. » (Genèse, 2, 7-19)

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    9e siècle, 845-851
  • Lieu
    Tours, Abbaye Saint-Martin
  • Description technique
    Peinture sur manuscrit
  • Provenance

    BnF, département des Manuscrits, Latin 1, fol. 10v

  • Lien permanent
    ark:/12148/mmprw0097ns1s