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L'évocation pittoresque des ponts
de Paris et de la vie qui s'y développe dans deux célèbres
exemplaires du premier quart du XIVe siècle
de la Vie de saint Denis (Paris, BnF, Français 2090,
2091 et 2092 et Latin 5826) témoigne du souci de replacer la vie
du fondateur de l'Église parisienne dans le cadre de sa ville.
En dépit du charme de ces images et de l'intérêt qu'elles
suscitent, on ne peut guère les qualifier de véritables
paysages. À l'exception du Pont-aux-Meuniers, pourvu de roues
de moulin, les représentations sont stéréotypées,
l'attention de l'artiste s'étant davantage portée sur les
occupations des habitants et leurs activités commerciales, qu'il
a saisies sur le vif avec un sens remarquable de l'observation. |
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Un pas décisif dans l'évolution du
paysage est franchi en France au début du XVe siècle,
d'une part avec les frères Limbourg, d'autre part avec le Maître
de Boucicaut et ses émules. La large diffusion du calendrier
des Très Riches Heures du duc de Berry (Chantilly,
musée Condé, ms. 65) a rendu familiers les paysages servant
de fond aux travaux des mois. Presque tous sont identifiables, tantôt
avec des résidences appartenant au duc, tantôt avec des monuments
de Paris ou de la proche banlieue ; les architectures y sont figurées
avec la vérité dont seul le réalisme flamand semble
capable. En ce qui concerne Paris, on retiendra en particulier les vues
des toits du Palais (mai, fol. 5v.), de la pointe de la Cité
avec le Palais et la Sainte-Chapelle (juin, fol. 6v.), du Louvre
(octobre, fol. 10v.) et enfin des tours du château de Vincennes
(décembre, fol. 12v.). Dans le reste du manuscrit, on notera
une superbe représentation du Mont-Saint-Michel (fol. 195)
et, de nouveau, une vue parisienne englobant la Sainte-Chapelle et la
façade de Notre-Dame de Paris (fol. 51v.). |
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Le panorama de Paris qui sert de décor à
la prédication des saints Denis, Rustique et Éleuthère
et à la représentation de leur martyre dans le Bréviaire
dit de Louis de Guyenne (Châteauroux, bibliothèque municipale,
ms. 2, fol. 364 et 367v.) annonce plus directement, par sa conception,
l'œuvre de Fouquet. Dans chaque cas, la silhouette de Paris se profile
telle qu'elle devait apparaître depuis la colline de Montmartre.
Traitée en lointain, elle se découpe dans des formes un
peu chaotiques sur un ciel crépusculaire où commencent à
poindre les premières étoiles. Il s'agit de peintures de
petites dimensions, où le fond relève plus de l'esquisse
que de la peinture. Toutefois, l'idée est là et elle sera
magistralement reprise par Fouquet une quarantaine d'années plus
tard. |