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François Ier en déité composite

François Ier en déité composite
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Le style de ce dessin rappelle celui des miniaturistes. Thierry Crépin-Leblond y voit “une miniature découpée d’un manuscrit destiné à François Ier” et le rapproche de l’œuvre du Maître des Heures d’Henri II (BNF, Latin 1429). Cette hypothèse est très tentante. Le fond bleu sombre sur lequel se détache la figure, le raffinement des étoffes, les rehauts d’or des vêtements, le portrait lui-même enfin, s’apparentent aux enluminures de cet artiste, et notamment à celles du Recueil des rois de France, offert par l’auteur Jean Du Tillet, juriste et greffier au parlement de Paris, au roi Charles IX, en 1566. Dans les Heures d’Henri II, dont il porte le nom, l’artiste n’est pas le peintre principal, mais ses œuvres y apparaissent pour la première fois.
Au 16e siècle, l’iconographie royale s’inspirait de la mythologie. La personne et les actions du roi devaient être glorifiées ; la pensée politique s’exprimait à travers les livres d’emblèmes et d’allégories très prisés des humanistes. Ce langage permettait, en utilisant les attributs des dieux de l’Olympe, une transposition des actions et des qualités du souverain. Cet usage était fréquent dans les cours florentines. Ce singulier portrait de François Ier est une illustration de cette mentalité.
Le roi en allégorie divine est représenté en pied, revêtu des attributs de plusieurs divinités. Il est coiffé du casque de Minerve orné d’yeux et porte la tête de Méduse en pectoral ; son bras droit est recouvert de pièces d’armure et armé de l’épée de Mars, la pointe tournée vers le haut. Son bras gauche est nu. Il porte, à la ceinture, la trompe de chasse de Diane, accrochée à une courroie d’étoffe verte, brochée d’or, et, en bandoulière, le carquois de l’Amour rempli de flèches. Il semble tenir de la main gauche, tout à la fois, l’arc de celui-ci et le caducée de Mercure dont il a chaussé les cothurnes ailés. Son vêtement drapé, constitué de deux tuniques superposées, l’une gris-bleu et l’autre rouge, frangée d’or, est attaché sur une épaule par une tête de lion, et relevé sur les hanches par une ceinture.
Sur un cartouche servant de piédestal, orné de cuirs découpés avec effet en trompe-l’œil, très perceptible par les marques de clous, est inscrit un huitain explicatif :
“Françoys en guerre est un Mars furieux
En paix Minerve et Diane à la chasse
A bien parler Mercure copieux
A bien aymer vray Amour plein de grâce
O France heureuse honore donc la face
De ton grand Roy qui surpasse Nature
Car l’honorant tu sers en mesme place
Minerve, Mars, Diane, Amour, Mercure.”

Ce huitain est au présent, ce qui indique que le roi, auquel sont attribuées les qualités des dieux de l’Olympe, la force et la vaillance de Mars, la sagesse de Minerve, l’éloquence de Mercure, est toujours vivant. Le visage du monarque, d’ailleurs très évocateur de celui de François Ier, est représenté avec finesse et réalisme.
Cette allégorie royale, très appréciée, fut reprise par Marc Bechot, pour les médailles d’Henri II en 1552.
Une interprétation très approfondie de ce portrait allégorique a été publiée par Barbara Hochstetler Meyer. Pour celle-ci, Marguerite de Navarre, la sœur de François Ier serait le commanditaire de cette œuvre, conçue pour signifier l’amour que la princesse portait à son frère, ce roi d’essence divine, "plus grands que humains", selon le poète Clément Marot (Épigramme 14).

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    Vers 1550
  • Lieu
    France
  • Auteur(es)
    Attribué au Maître des Heures de Henri II
  • Description technique
    Enluminure sur double feuille de parchemin collée sur un panneau de chêne
    Hauteur : 234 mm ; largeur : 134 mm
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la Photographie, RÉSERVE NA-255-4

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm216200026m