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Au Moyen Âge, l'Église chrétienne encadre la quasi-totalité de la population du royaume de France, à l'exception de petits noyaux hérétiques mais qui se veulent chrétiens et de communautés juives au fort particularisme alimentaire. En théorie, aucun aliment n'est interdit dans l'absolu au fidèle : les tabous concernant le porc ou d'autres espèces animales que définissait l'Ancien Testament ont été abolis depuis longtemps et la papauté a fini par abandonner aussi la prohibition du sang et des viandes dans lesquelles le sang est resté. En revanche, tout chrétien doit conformer son alimentation à certaines restrictions, qui ont pour but sa pénitence, c'est-à-dire finalement son salut.
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Jeûner
pour assurer son salut |
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Le jeûne est fort ancien dans le christianisme : Jésus lui-même, selon les Évangiles, ne l'a-t-il pas pratiqué pendant 40 jours et 40 nuits au désert ? Il s'agit d'un acte de pénitence, que l'Église peut d'ailleurs imposer aux fidèles qui ont commis de graves péchés. Il est obligatoire lors des périodes de préparation aux grandes solennités religieuses, où l'on doit vivre à la fois sobrement et chastement, ces deux formes d'abstinence étant étroitement associées dans l'esprit des théologiens. Mais jeûner totalement pendant plusieurs semaines n'est pas possible. C'est pourquoi l'on autorise un repas qui doit être unique et se prendre au coucher du soleil. Durant le Moyen Âge, l'heure de ce repas théoriquement unique se déplace progressivement vers le milieu de la journée. Dans les monastères, on prend l'habitude d'interrompre des après-midi restés bien longs par une légère collation, appelée ainsi d'après le texte pieux qu'on y lit à cette occasion (les Collationes de Jean Cassien).
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