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La viande est abondante
sur les tables des XIVe et XVe siècles. On
la considère comme la source de toute la force et aussi de tout
le mal. C'est l'aliment de référence pour les seigneurs,
qui se réservent de plus en plus le produit de la chasse et consomment
surtout beaucoup d'animaux de boucherie ou de basse-cour. Mais, aux yeux
des théologiens, la viande risque d'échauffer le mangeur
et de le conduire ainsi à la luxure. "La chair est nourrie
de chairs", déclarait déjà un évêque
du haut Moyen Âge.
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Dans un univers que
les philosophes conçoivent comme ordonné verticalement,
les aliments sont hiérarchisés selon leur plus ou moindre
grande proximité à Dieu. Tout en haut de cette échelle
de valeur figurent les oiseaux qui se meuvent dans l'air, le plus élevé
des quatre éléments. Tout en bas, on trouve les plantes
qui viennent de la terre. Encore faut-il bien distinguer entre les feuilles
poussant sur une tige, tels choux ou pois, et celles qui partent de la
racine (épinards, salades). Les racines elles-mêmes, comme
carottes et raves, viennent seulement ensuite car elles poussent sous
la terre, ainsi que les bulbes oignon, poireau et ail
qui sont de loin les aliments les plus méprisés. Cette hiérarchie
se vérifie dans les comptes alimentaires et est justifiée
par les médecins. Les élites consomment ainsi beaucoup de
volatiles et aussi des fruits, qui poussent sur des arbres en hauteur
et conviennent donc parfaitement aux classes élevées de
la société. En revanche, elles s'abstiennent à peu
près complètement de légumes, laissés aux
paysans. Pour les cas délicats, tels la fraise ou le melon, les
médecins recommandent la plus grande prudence.
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Au Moyen Âge,
on croit que toutes les épices sont originaires d'Orient ou d'Inde,
régions elles-mêmes réputées proches du paradis
terrestre. Avec les animaux exotiques, les monstres humanoïdes et les
pierres précieuses, les épices font partie des "merveilles"
de l'Inde. Ce sont les quatre fleuves nés dans le jardin d'Éden
qui les acheminent vers les ports de commerce. Par exemple jusqu'à
Alexandrie, comme l'explique Joinville, le compagnon de Saint Louis lors
de la 7e croisade :
"Avant que
le fleuve n'entre en Égypte, les gens qui ont l'habitude de le faire
jettent leurs filets déployés dans le fleuve, au soir ;
et quand vient le matin, ils y trouvent ces marchandises vendues au poids
qu'on apporte ici, c'est-à-dire gingembre, rhubarbe, bois d'aloès
et cannelle. Et l'on dit que ces choses viennent du paradis terrestre, où
le vent les fait tomber des arbres, à la manière dont il fait
tomber le bois sec dans les forêts de nos régions."
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