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Anna Akhmatova

(1889-1966) – 25 ans en 1915
Anna Akhmatova
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La jeune poétesse incarne, avec Ossip Mandelstam et d’autres, ce qu’on a appelé a posteriori « l’âge d’argent » de la poésie russe. Dès juillet 1914, elle écrit ces vers prémonitoires : « voici venir les temps affreux. Bientôt les tombeaux prendront toute la place ». Dans les mois qui suivent l’entrée en guerre, alors que son époux part brièvement au front et qu’elle-même souffre d’attaques de tuberculose, Anna Akhmatova poursuit ses travaux d’écriture et en donne des lectures publiques. Le début du conflit mondial marque une inflexion dans ses thèmes de prédilection : loin de la verve lyrique et romantique de ses premiers écrits, sa poésie dépeint désormais l’angoisse et les privations vécues par le peuple russe.

À la mémoire du 19 juillet 1914 (1er août 1914)
« D’un siècle nous avons vieilli alors Une heure à peine y a suffi :
Des plaines labourées fumait le corps,
L’été trop bref semblait fini.
Soudain la route, calme tout à l’heure,
Noircit, les pleurs montèrent, argentins…
“Avant le premier sang fais que je meure”, Priais-je Dieu, mon front entre les mains.
Comme un poids superflu, s’évanouirent
Les ombres des passions et de mes chants.
De ma mémoire ainsi vidée
Dieu fit un livre,
Un terrible recueil d’échos grondants. »
Poème de 1916, traduction de Cyrilla Falk, in Poèmes, Paris, Librairie du Globe, 1993.

© Laurent Leserre

  • Date
    2014
  • Auteur(es)
    Laurent Leserre
  • Lien permanent
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