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Portrait d’Homère aveugle

Portrait d’Homère aveugle
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Homère est aveugle : c’est le trait le plus constant des récits biographiques et des autres témoignages antiques même si rien ne semble figé pour les Anciens en ce qui concerne la figure légendaire du Poète. En témoigne le portrait d’Homère qui figure sur certaines monnaies d’Ios du 4e siècle avant J.-C. : sur le buste de profil, on distingue clairement la pupille des yeux. Deux histoires rapportées par les Vies méritent d’être citées sur les raisons de cette cécité : l’une dit que le Poète aurait été aveuglé par Hélène en guise de châtiment pour le rôle qu’il lui avait fait jouer dans son œuvre, l’autre que c’est pour avoir voulu voir Achille au combat : l’éclat aveuglant des armes du héros lui aurait retiré la vue… Selon la Vie du Pseudo-Hérodote, et plus prosaïquement, c’est en raison d’une maladie qu’il perdit la vue et c’est à Ithaque ou à Colophon qu’il devint aveugle. La cécité d’Homère a donné lieu à des représentations variées tout au cours de l’Antiquité. Si Homère n’apparaît sur aucun vase, il a souvent été représenté par l’art de la sculpture et nous avons hérité d’un nombre non négligeable de pièces antiques. Sur des copies romaines remontant à un original du 5e siècle avant J.-C., la plus ancienne représentation connue d’Homère, dite « du type Épiménide », le Poète est représenté les yeux fermés, comme dormant dans sa contemplation. Mais le buste peut-être le plus célèbre est celui-ci, dit « du type aveugle », de l’époque hellénistique, et dont le musée du Louvre possède l’une des plus belles répliques. C’est à la fois celui qui met le plus en avant la cécité d’Homère et celui qui lui donne l’air le plus olympien, en rapprochant son image de celle du « père des dieux et des hommes ». À travers cette double expression, l’artiste touche ainsi à une vérité du mythe d’Homère : la cécité qui rend le Poète proche des dieux, qui lui donne accès à une connaissance toute spéciale et qui est, comme pour Démodocos, la contrepartie du don de poésie. Pour les Anciens, cependant, cette divinisation du Poète n’était pas qu’une métaphore littéraire ou une invention artistique. Par sa généalogie, Homère pouvait être considéré comme un demi-dieu. Et comme l’atteste la Vie du Pseudo-Plutarque, Aristote lui-même semblait croire à cette origine divine. Différents témoignages nous montrent enfin qu’un culte héroïque était rendu à Homère.

© RMN, Hervé Lewandowski

  • Date
    œuvre Romaine d’époque impériale (2e siècle apr. J.-C. ?), réplique d’un original du 2e siècle av. J.-C.
  • Provenance

    Musée du Louvre, Antiquités grecques, étrusques et romaines, Inv. MR 530

  • Lien permanent
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