Pour la paix et la liberté



La toile de fond des combats de Victor Hugo est tissée d’une profonde aspiration à la liberté sous toutes ses formes. Il ne supporte aucune censure, aucune répression. Lorsque sa pièce Marion Delorme est censurée (1829), il refuse l’augmentation de pension que lui propose Charles X en dédommagement. Après l’interdiction du Roi s’amuse (1832), il s’élève vigoureusement contre les abus de la censure devant le tribunal de commerce où l’a mené son procès contre le Théâtre-Français, et refuse désormais de toucher sa pension.
Lors de l’insurrection de juin 1848, qu’il n’approuve pas, il s’élève contre la répression brutale de Cavaignac et s’oppose, le 2 septembre, à la prolongation de l’état de siège. La répression versaillaise contre les communards lui paraîtra tout aussi intolérable, bien qu’il ait condamné les excès de la Commune de Paris : L’Année terrible naît des atrocités de la Semaine sanglante.
Hugo approuve les mouvements des nationalités : il intervient le 19 octobre 1849 à l’Assemblée pour protester contre l’envoi de troupes pour rétablir le pape Pie IX dans ses États, alors que, selon lui, la France républicaine se devait de soutenir la République romaine. Il encourage, en 1863, le combat des Mexicains contre les troupes françaises. Plus tard, au Sénat, il s’engagera en faveur de l’indépendance serbe.
Se battant pour l’émancipation, Hugo prend conscience du statut inférieur de la femme. En exil, il se montre sensible au sort des femmes proscrites et rend hommage à leur combat ; il réclame pour elles des droits civiques égaux à ceux des hommes.
Les appels d’Hugo en faveur de la paix, son rêve d’une Europe unifiée, découlent de son combat pour le respect des droits de l’homme. Il n’hésite pas cependant à voter contre le traité de paix imposé par l’Allemagne victorieuse qui annexe l’Alsace et la Moselle : "Si cette paix inexorable se conclut, c’en est fait du repos de l’Europe."
C’est encore au nom de la paix entre les citoyens qu’il réclamera régulièrement après 1871 l’amnistie pour les communards.

 

 

Pour une monnaie unique dans une Europe fédérale

 

Dans un discours prononcé aux proscrits de Jersey, le 24 février 1855, Victor Hugo rêve d’une Europe idéale : "le continent serait un seul peuple, les nationalités vivraient de leur vie propre dans la vie commune", et il imagine "une monnaie continentale, à double base métallique et fiduciaire, ayant pour point d’appui le capital Europe tout entier et pour moteur l’activité libre de deux cents millions d’hommes, cette monnaie, une, remplacerait et résorberait toutes les absurdes variétés monétaires d’aujourd’hui, effigies de princes, figures des misères".

 

 

Haine de l’usurpateur


Le 17 juillet 1851, Hugo avait refusé la révision de la Constitution soumise au vote de l’Assemblée par Louis Bonaparte pour lui permettre d’être réélu à la présidence de la République : "Après Napoléon-le-Grand, je ne veux pas de Napoléon-le-Petit", avait-il déclaré. Il ne pouvait qu’être profondément révolté par le coup d’État du 2 décembre. Après avoir commencé Histoire d’un crime, "histoire immédiate et toute chaude de ce qui vient de se passer", le poète compose en un mois Napoléon-le-Petit – violent pamphlet, où il expose en outre un programme de restructuration de l’État, publié à Bruxelles en août 1852. La haine que porte Hugo à l’empereur engendre bientôt un recueil de poèmes, Châtiments, "pendant naturel et nécessaire de Napoléon-le-Petit", publié également à Bruxelles en 1853 et interdit en France.