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Dès les premiers voyages,
le spectacle de la mer fascine Victor Hugo. Mais c'est l'exil à Jersey
puis à Guernesey qui va lui procurer sa véritable rencontre avec l'océan.
Tempêtes et naufrages, univers sous-marin, rudesse de la vie des gens
de mer, mouvement des vagues et leur murmure qui ressemble à des voix :
c'est tout cela que contemple le poète. De là naissent poèmes et romans,
des "Pauvres gens" à "Pleine mer" ; de l'univers fantastique
des Travailleurs de la mer aux scènes de naufrages dans L'Homme
qui rit ou Quatrevingt-treize, et nombre de dessins : tantôt
sombres compositions où ciel, terre et océan s'abolissent dans un noir
profond, où brouillards, flocons d'écume sont suggérés par des rehauts
de gouache blanche, tantôt lavis d'encre traduisant la transparence de
l'océan et la dynamique du vent et des vagues. Après l'exil, la mer reste
source d'inspiration : "J'ai eu deux affaires dans ma vie, Paris et l'océan",
dira-t-il en 1872.
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