"Le Rocher Ortach"
Les Travailleurs de la mer
Victor Hugo (1802-1885), dessinateur, 1868.
Plume, pinceau, encre brune et lavis sur esquisse au crayon de graphite, réserves, sur papier quadrillé (74 x 164 mn)
Bibliothèque nationale de France, Manuscrits, NAF 247451, fol. 44v°
© Bibliothèque nationale de France
Situé au nord de l'île de Guernesey, le rocher Ortach occupe une place importante dans l'œuvre graphique comme dans l'œuvre littéraire. Dans Les Travailleurs de la mer, il est évoqué à plusieurs reprises, et notamment au chapitre I, I, II : "On a longtemps cru que saint Maclou habitait le gros rocher carré Ortach, qui est au large entre Aurigny et les Casquets, et beaucoup de vieux matelots d'autrefois affirmaient l'y avoir très souvent vu de loin, assis et lisant dans un livre. Aussi les marins de passage faisaient-ils force génuflexions devant le rocher Ortach jusqu'au jour où la fable s'est dissipée et a fait place à la vérité. On a découvert et l'on sait aujourd'hui que ce qui habite le rocher Ortach, ce n'est pas un saint, mais un diable."
C'est en tête de ce chapitre que Victor Hugo a choisi de le coller.
Les Travailleurs de la mer sont publiés depuis plus de deux ans lorsque Victor Hugo réalise ce dessin : il achève alors la rédaction de L'Homme qui rit, et ce lavis est l'équivalent graphique de la description qui y figure : "Un pavé au milieu de l'océan, c'est le rocher Ortach. L'écueil Ortach, tout d'une pièce, au-dessus du choc contrarié des houles, monte droit à quatre-vingts pieds de haut. Les vagues et les navires s'y brisent. Cube immuable, il plonge à pic ses plans rectilignes dans les innombrables courbes serpentantes de la mer. La nuit il figure un billot énorme posé sur les plis d'un grand drap noir. Dans la tempête, il attend le coup de hache, qui est le coup de tonnerre." (M. 14, p. 97-98.)
Ce dessin d'abord tracé au crayon de graphite, sans doute au cours de la traversée même, a été ensuite repris à l'encre. Victor Hugo avait déjà représenté par deux fois cet îlot, dans une version polychrome datable vers 1863 (NAF 13355, f. 84), et le 28 juin 1865, dans les mêmes circonstances, tandis qu'il partait pour son voyage annuel (NAF 13462, f. 12).
 
 

> partager
 
 
 

 
> copier l'aperçu
 
 
> commander