Note sur la couleur des voyelles
Océan prose. Tas de pierres
Victor Hugo (1802-1885), auteur.
Manuscrit autographe sur papier bleuté (272 x 212 mm)
Bibliothèque nationale de France, Manuscrits, NAF 13423, fol. 81
© Bibliothèque nationale de France
Si l'obscurité est partout présente dans l'œuvre du poète dessinateur, la couleur, dans les textes, est une de ses préoccupations. Dans cet écrit, qui a été daté des années 1836-1838 par Cécile Daubray, Victor Hugo conférait déjà des couleurs aux voyelles : "Ne penserait-on pas que les voyelles existent pour le regard presque autant que pour l'oreille et qu'elles peignent des couleurs ? On le voit. A et I sont des voyelles blanches et brillantes. O est une voyelle rouge. E et EU sont des voyelles bleues. U est la voyelle noire.
Il est remarquable que presque tous les mots qui expriment l'idée de lumière contiennent des A et des I et quelquefois les deux lettres. [Suivent des exemples].
Feu n'exprime nécessairement l'idée d'éclat que dès qu'il s'allume. Alors il devient flamme [sic].
Aucune de ces deux voyelles ne se trouve dans la lune qui ne brille que dans les ténèbres. Le nuage est blanc, la nuée est sombre. On voit le soleil à travers le brouillard ; on ne le voit pas à travers la brume.
Les mots où se trouvent mêlées l'idée d'obscurité et l'idée de lumière contiennent en général l'U et l'I. Ainsi Sirius, nuage, nuit. La nuit a les étoiles.
Il ne serait pas impossible que ces deux lettres, par cette puissance mystérieuse qui est donnée aux lignes, entrassent pour quelque chose dans l'effet lumineux que produisent certains mots qui pourtant n'appartiennent pas à l'ordre physique [des exemples suivent]."
 
 

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