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La
lettre est partout dit Victor Hugo dans un texte écrit lors
d'un voyage dans les Alpes en 1837. La lettre est aussi partout dans l'uvre
graphique de Victor Hugo, comme si même en dessinant, il ne cessait
jamais d'écrire.
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Voyez ces dessins
et repérez dans l'entrelacs des lignes et des formes, les lettres
et noms qui y sont insérés. Observez la place et le
traitement qui leurs sont accordés.
- Cartes
d'étrennes
- Monogramme
V.H.
- Exil
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Définissez
les notions suivantes : écusson, blason, lettres emblématiques
et mettez-les en rapport avec les dessins.
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Bon nombre de
ces dessins étaient offerts à des destinataires précis
ou conçus pour être des cartes de visites et des
cartes de vux. Imaginez à votre tour une carte dans
laquelle vous intégrerez vos initiales. Vous pouvez dessiner
ou procéder par collages.
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Les initiales
ne sautent pas toujours aux yeux. Retrouvez les initiales Victor Hugo
dans ce dessin de la
pieuvre illustrant Les travailleurs de la mer.
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Voyez ce frontispice
pour Le
Rhin et celui réalisé pour Les
Contemplations.
Identifiez les nombreuses techniques employées, en observant
attentivement.
Relevez l'importance et la place du nom de l'auteur, et analysez son
traitement dans la mise en page générale.
Créez la première page de couverture d'un roman de votre
choix, en adoptant un traitement particulier des lettres en tenant
compte d'un impératif de lisibilité.
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"Je
vois dans la Bible un prophète à qui Dieu ordonne
de manger un livre. J'ignore dans quel monde Victor Hugo a mangé
préala-blement le dictionnaire de la langue qu'il était
appelé à parler ; mais je vois que le lexique français,
en sortant de sa bouche, est devenu un monde coloré, mélodieux
et mouvant."
Charles Baudelaire, "Victor Hugo", Réflexions
sur quelques-uns de mes contemporains, in L'Art romantique,
Classiques Garnier, 1962, p. 735.
Mettez en évidence
ce monde coloré en imaginant une composition mettant en scène
une phrase du texte suivant extrait de "Réponse à
un acte d'accusation", in Les Contemplations.
"Quand, tâchant de comprendre
et de juger, j'ouvris
Les yeux sur la nature et sur l'art, l'idiome
Peuple et noblesse, était l'image du royaume ;
La poésie était la monarchie ; un mot
Était un duc et pair, ou n'était qu'un grimaud ; [
]
La langue était l'état avant quatre-vingt neuf ;
Les mots, bien ou mal nés, vivaient parqués en castes
;
Les uns nobles, hantant les Phèdres, les Jocastes,
Les Méropes, ayant le décorum pour loi,
Et montant à Versaille aux carrosses du roi ;
Les autres, tas de gueux, drôles patibulaires,
Habitant les patois ; quelques-uns aux galères
Dans l'argot ; dévoués à tous les genres bas
;
Déchirés en haillons dans les halles ; sans bas,
Sans perruque ; créés pour la prose et la farce ;
Populace du style au fond de l'ombre éparse ;
Vilains, rustres, croquants, que Vaugelas leur chef
Dans le bagne Lexique avait marqué d'une F. [
]
Je mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire.
Plus de mot sénateurs! Plus de mot roturiers!
Je fis une tempête au fond de l'encrier,
Et je mêlai, parmi les ombres débordées,
Au peuple noir des mots l'essaim blanc des idées ; [
]
J'ai pris et démoli la bastille des rimes.
J'ai fait plus ; j'ai brisé tous les carcans de fer
Qui liaient le mot peuple, et tiré de l'enfer
Tous les vieux mots damnés, légion sépulcrale
"
Quelque vingt ans plus tard, dans Suite, Victor Hugo écrit :
"Car le mot, qu'on le sache, est un être
vivant."
Prenez cette proposition au pied de la lettre, en choisissant un mot
comme titre d'un livre et en mettant en scène la couverture
Vous pouvez poursuivre
des travaux sur la lettre en suivant l'atelier La
lettre et le signe.
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