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"Il jetait l'encre
au hasard en écrasant sa plume d'oie qui grinçait et crachait
en fusées, puis il pétrissait pour ainsi dire la tache noire
Il finissait avec une allumette de bois
et l'allumette entre ses
doigts devenait burin." C'est avec les outils de l'écrivain
que Victor Hugo commence à dessiner, remarque Théophile
Gautier : avec sa plume qui cette fois "ne trace pas ces mots
colorés [
], mais s'amuse, n'étant plus dirigée,
à griffonner sur les marges de l'idée qui rêve les
vagues profils des souvenirs, les visions entrevues à travers les
brouillards, les chimères de la fantaisie et les caprices fortuits
de la main inconsciente".
Très vite, il mêle à l'encre d'autres matières
: "
Je suis tout heureux et très fier de ce que vous
voulez bien penser des choses que j'appelle mes dessins à la plume.
J'ai fini par y mêler du crayon, du fusain, de la sépia,
du charbon, de la suie et toutes sortes de mixtures bizarres qui arrivent
à rendre à peu près ce que j'ai dans l'il et
surtout dans l'esprit. Cela m'amuse entre deux strophes. "
Ainsi s'adressait Victor Hugo à Charles Baudelaire, en réponse
à l'hommage de ce dernier au Salon de1869.
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