Hugo contre la peine de mort

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Peine de mort jugée par Victor Hugo et Lamartine
Lamartine et Victor Hugo écrivent ensemble un placard pour dénoncer la peine de mort. Ils démontent, une à une, les raisons censées la justifier. Le Gouvernement provisoire de la République de 1848, dont fait partie Lamartine, décrètera l’abolition de la peine de mort en matière politique.
« Mais vous, est-ce bien sérieusement que vous croyez faire un exemple quand vous égorgillez misérablement un pauvre homme dans le recoin le plus désert des boulevards extérieurs ? En Grève, en plein jour, passe encore ; mais à la barrière Saint-Jacques ! mais à huit heures du matin ! Qui est-ce qui se passe là ? Qui est-ce qui va là ? Qui est-ce qui sait que vous tuez un homme là ? Un exemple pour qui ? Pour les arbres du boulevard apparemment. »
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Le parcours qui fut le sien, de l'émotion à la mobilisation, c'est aussi celui qu'il propose à ses lecteurs, aux auditeurs de ses discours.
Le public, majoritairement indifférent ou favorable à l'application de la peine de mort, doit être gagné par des arguments convaincants ; mais il faut d'abord toucher ses sentiments et sa sensibilité. Mais Hugo l'invite aussi à analyser, à comprendre le phénomène qu'il condamne.
Émouvoir, faire réfléchir, faire agir : trois objectifs qui se combinent dans les écrits de Victor Hugo sur la peine de mort, qu'il s'agisse d'œuvres de fiction, d'essais politiques ou de discours militants.
Les arguments des défenseurs de la peine de mort

Un juge mécontent
Avec sa légende : "Pas content d’entendre clabauder contre la peine de mort. Qu’est-ce que c’est que toutes ces déclamations-là ? " cette caricature est, plus de trente ans après, comme l’équivalent graphique de la préface qui accompagnait la troisième édition du Dernier Jour d’un condamné : "Une comédie à propos d’une tragédie".
© PMVP
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Exprimés dans des contextes différents et sous des formes différentes, les arguments avancés par les partisans de la peine capitale restent presque identiques depuis les origines de nos sociétés. Jusqu'à aujourd'hui, pour défendre le principe de la peine de mort, on s'appuie généralement sur trois arguments majeurs :
La société doit se défendre contre ceux qui la menacent
Pour survivre, une société doit se défendre contre le désordre et faire respecter ses lois.
Lorsque l'un de ses membres les enfreint, il est dangereux non seulement pour les personnes qu'il pourrait agresser, mais surtout pour la société dans son ensemble. L'État devrait donc veiller à ce que la justice empêche le fautif de semer le trouble, voire de commettre d'autres crimes.

Pétition pour l’abolition de la peine de mort
Dans son numéro du 16 mai 1851, au lendemain d’une exécution particulièrement horrible, L’Événement avait publié un article abolitionniste de Victor Hugo. Il fut appelé à comparaître, ainsi que le gérant du journal, devant la cour d’assises pour attaques au respect des lois. Moins d’un mois plus tard, circulait dans Paris cette pétition adressée « À MM. les Représentants du Peuple à l’Assemblée Nationale Législative ». Ce volume réunit environ une dizaine de milliers de signatures, pour beaucoup recueillies par le biais d’associations comme cette : « Association des Cuisiniers. Faubourg St Antoine. 65 » mentionnée en note sur ce feuillet.
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Le juste milieu Entre la guillotine et la Liberté
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La façon la plus efficace de le faire serait d'éliminer physiquement les coupables des crimes les plus graves, dont la liste varie beaucoup : meurtre, viol, vol, mais aussi, selon certains, toute atteinte aux représentants de l'ordre (policiers, gouvernants...), ou encore désobéissance des soldats, espionnage, tentative de coup d'État.
Si l'on supprimait la peine de mort, la société paraîtrait faible et vulnérable. La criminalité augmenterait gravement. Des criminels venus de pays plus sévères pourraient même affluer dans le pays, sachant qu'ils ne risqueraient pas de mourir s'ils étaient arrêtés.
Seule la mort du coupable peut réparer le crime

Les Erreurs de la guillotine par E. Cadol.
Ce roman est le plus accablant réquisitoire que l'on ait écrit contre la peine de mort
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En prononçant et en organisant une exécution judiciaire, la justice apporterait en tout cas une grande consolation aux familles des victimes. C'est pour cette raison qu'à l'heure actuelle, dans certains pays (notamment une partie des États-Unis), les familles des victimes sont invitées à assister aux exécutions.
Seul l'exemple des criminels exécutés peut dissuader de commettre des crimes
L'exemple des exécutions serait une arme efficace contre le crime. Ce spectacle, tout en rassurant les gens honnêtes sur la force de la société, ferait hésiter les criminels au moment de passer à l'acte.
Même s'ils ne respectent pas la vie des autres, les meurtriers auraient peur d'être eux-mêmes tués une fois entre les mains de la justice. Impressionnés par ce terrible spectacle, l'ensemble des citoyens serait poussé à respecter l'ordre, sinon par conviction, du moins par peur.
Les réponses de Victor Hugo
Ces arguments en faveur de la peine de mort, Victor Hugo les connaît bien. Il les lit dans des ouvrages, des brochures, des journaux ; il les entend dans toutes les assemblées législatives où il siège au gré de la succession des régimes politiques ; ils le suivent dans son exil à Guernesey lors de l'affaire Tapner ; ils resurgissent à l'encontre de chaque condamné qu'il tente de sauver de la potence, de la guillotine, du peloton d'exécution.
Inlassablement, il s'indigne de voir perdurer ces mêmes idées, et déploie contre elles une logique implacable et une éloquence qui ne laissent pas indifférent.

La tête coupée
Au vingt-sixième chapitre (sur quarante-neuf), le condamné a été transféré à la Conciergerie. Le compte à rebours est de plus en plus oppressant. Il songe de nouveau à sa fille Marie.
« Il est dix heures.
Ô ma pauvre petite fille ! encore six heures, et je serai mort ! je serai quelque chose d’immonde qui traînera sur la table froide des amphithéâtres ; une tête qu’on moulera d’un côté, un tronc qu’on disséquera de l’autre ; puis de ce qui restera, on en mettra plein une bière, et le tout ira à Clamart.
Voilà ce qu’ils vont faire de ton père, ces hommes dont aucun ne me hait, qui tous me plaignent et tous pourraient me sauver. Ils vont me tuer. Comprends-tu cela, Marie ? me tuer de sang-froid, en cérémonie, pour le bien de la chose ! Ah ! grand Dieu ! »
Victor Hugo. Le Dernier Jour d’un condamné, chap. XXVI.
> Texte intégral dans Gallica.
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La tête coupée
Oeuvres complètes de Victor Hugo. Roman. 1
publiées par Paul Meurice, puis par Gustave Simon
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La peine de mort est inefficace
La révolution de 1848 instaure en France la Deuxième République. Victor Hugo, élu député à la nouvelle Assemblée constituante, cherche à faire voter l'abolition de la peine de mort. Dans un discours qu'il n'aura finalement pas l'occasion de prononcer, il réfute un à un les arguments des partisans (majoritaires) du maintien de la peine capitale dans la nouvelle Constitution.
Voyez, examinez, réfléchissez. Vous tenez à l'exemple. Pourquoi ? pour ce qu'il enseigne. Que voulez-vous enseigner avec votre exemple ? Qu'il ne faut pas tuer. Et comment enseignez-vous qu'il ne faut pas tuer ? en tuant.
Pour lui, la mort n’est pas nécessaire pour la société, puisque la prison suffit à retrancher un criminel qui la menacerait : « Pas de bourreau où le geôlier suffit ». Répondre à un meurtre par une exécution, ce n'est pas réparer un crime mais ajouter le sang au sang : « ce qui est crime pour l’individu est crime pour la société ». Pour lutter contre la violence qui la menace, la société devrait se placer au-dessus des règles de la vengeance primitive.
Mais, reprend-on, il faut que la société se venge, que la société punisse. – Ni l'un, ni l'autre. Se venger est de l'individu, punir est de Dieu.
La société est entre deux. Le châtiment est au-dessus d'elle, la vengeance au-dessous. Rien de si grand et de si petit ne lui sied. Elle ne doit pas « punir pour se venger » ; elle doit corriger pour améliorer.
Contre la « loi du talion »

Un mot sur Georges Brown
Abolitionniste et antiesclavagiste, John Brown fut condamné à mort et pendu le 2 décembre 1859 pour avoir tenté de libérer les esclaves de Virginie. Sa mort allait être un prélude à la guerre de Sécession : "Au point de vue moral, il semble qu’une partie de la lumière humaine s’éclipserait, que la notion même du juste et de l’injuste s’obscurcirait, le jour où l’on verrait se consommer l’assassinat de la Délivrance par la Liberté.", prophétisa Victor Hugo.
Durant la guerre de Sécession, des troupes nordistes adoptèrent un chant de marche qui devait immortaliser John Brown : "John Brown’s body lies a-mouldering in the grave..."
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En 1851, son fils Charles comparaît en cour d’assises pour « outrage aux lois » : rédacteur du journal L'Événement, il a fait paraître un article protestant contre une exécution. Victor Hugo plaide lui-même pour sa défense, et choisit de s'attaquer au principe même de la peine capitale. Il s’appuie alors sur la Bible, citant le commandement « Tu ne tueras pas » et opposant la figure du Christ, « victime de la peine de mort », à la loi du talion.
Le plaisir ambigu de la mort
Une exécution ne fait pas seulement naître le rejet ou le dégoût, elle provoque chez nombre de spectateurs un plaisir ambigu et inavouable. Dans Han d’Islande, en adoptant le point de vue du spectateur fasciné par la décapitation, Hugo nous pousse à nous interroger sur notre propre rapport à la mort et à la violence.
Il y a au fond des hommes un sentiment étrange qui les pousse, ainsi qu'à des plaisirs, au spectacle des supplices.

"Ecce"
Ce dessin est celui que Victor Hugo confie à Paul Chenay en 1860 pour être gravé au moment de l'exécution par pendaison de John Brown. C'est très certainement l'affaire Tapner qui, en 1854, avait inspiré à Victor Hugo cette terrible image, dont le titre se réfère à la passion du Christ.
© RMN, cliché Michèle Bellot
© RMN, cliché Michèle Bellot

La guillotine
Joseph Ignace Guillotin (1738-1814), médecin et député constitutionnel, a collaboré au texte de la Déclaration des droits de l’homme. Il présente, le 10 octobre 1789, son discours pour la peine de mort par décapitation devant l’Assemblée nationale. Les idées égalitaires qu’il y développe séduisent les esprits : « Avec ma machine, je vous fais sauter la tête en un clin d’œil, et vous ne souffrez point. » Les exécutions étaient jusqu’alors souvent humiliantes, tant pour le « criminel désigné » que pour son entourage. Les délibérations sur la torture amènent à la conclusion suivante : « Tout condamné à mort aura la tête tranchée. » Les législateurs adoptent ce principe en octobre 1791 et la « guillotine » reste utilisée, en France, jusqu’en 1977, date de la dernière décapitation. La machine de conception française est mise au point en 1792 par le Dr Antoine Louis, qui s’inspire d’autres décollations pour présenter un instrument avec une lame en forme de croissant. C’est le roi Louis XVI lui-même qui aurait rectifié le dessin en suggérant une ligne oblique, plus radicale. La guillotine fut utilisée également en Suisse, en Suède, en Belgique et en Allemagne.
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Le symptôme d'une société malade

Claude Gueux
Détenu à la prison centrale de Clairvaux, Claude Gueux avait assassiné le gardien chef Delacelle pour l’avoir séparé de son ami, Albin ; puis il avait tenté de se suicider. Jugé, il fut condamné à la peine capitale. Nouveau réquisitoire contre la peine de mort, ce court roman contient en germe l’histoire de Jean Valjean. Écrit en quatre jours, le manuscrit, hormis quelques alinéas en marge, comporte peu de corrections ou d’additions.
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C'est dans cet esprit qu'il écrit, à partir d'un fait divers authentique, l'histoire de Claude Gueux. Cet homme au nom évocateur est poussé au vol par la misère. En prison, il assassine un directeur d'atelier tyrannique ; condamné à mort, il est exécuté en 1831. Pour Hugo, sa destinée est le symbole de l'échec de la société. Si le voleur ou le meurtrier sont coupables, la société doit aussi porter sa part de responsabilité.
Voyez Claude Gueux. Cerveau bien fait, cœur bien fait, sans nul doute. Mais le sort le met dans une société si mal faite, qu'il finit par voler : la société le met dans une prison si mal faite, qu'il finit par tuer.
Qui est réellement coupable ? Est-ce lui ?
Est-ce nous ?
Pour Hugo, la société doit donc s’employer, pour réduire le crime, à lutter contre la misère. Pour cela, il est nécessaire de développer l’éducation, de favoriser les sentiments religieux et de garantir à tous un travail qui offre un revenu suffisant.
Cette tête de l'homme du peuple, cultivez-la, défrichez-la, arrosez-la, fécondez-la, éclairez-la, moralisez-la, utilisez-la ; vous n'aurez pas besoin de la couper.
Effacer du monde le "signe spécial et éternel de la barbarie"
Pour Hugo, l'Histoire est un combat toujours renaissant entre la civilisation et la barbarie. Le progrès, idée centrale au 19e siècle, consiste pour lui à faire régner, dans tous les domaines, plus de raison, plus de culture, plus d'humanité. Soutenir ou accepter la peine de mort, c'est toujours choisir le passé et la peur plutôt que l'avenir et l'espoir.
Civilisation et barbarie
La France, pays des Lumières et de la Révolution, devrait être, pour Hugo, le modèle des nations civilisées. C'est pourquoi la peine de mort, trace inacceptable de la violence des temps anciens, y est selon lui plus odieuse qu'ailleurs.
La peine, de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie. Partout où la peine de mort est prodiguée, la barbarie domine ; partout où la peine de mort est rare la civilisation règne.
Le maître mot de la civilisation, selon Hugo, c'est « l'inviolabilité », c'est-à-dire le respect absolu de la vie humaine. Or, nombreux sont ceux qui jugent que la peine de mort devient légitime dans des cas particuliers, lorsque l'ordre public est menacé, par exemple. Victor Hugo, lui, s'oppose fermement à cette idée : aucune circonstance ne justifie que la justice cède à la violence et à la colère. Il faut juger avec équité et modération même nos pires ennemis.
Cette règle absolue, il tient à la respecter lui-même. Adversaire politique acharné de Napoléon III, qui fait exécuter ses ennemis vaincus, qui l'a contraint lui-même à un long exil, il écrit contre lui des pages d'une rare violence, mais se refuse à souhaiter sa mort.

Quatrevingt-treize
Quatrevingt-treize, publié en 1873, est un roman historique ayant pour cadre les sanglants événements de 1793. Lorsque s’ouvre le dernier chapitre, Gauvain, un jeune aristocrate passé du côté des révolutionnaires, vient d’être condamné à mort pour avoir fait évader de prison son oncle, un chef royaliste.
Le dernier chapitre s’ouvre sur la description d’ « une chose étrange, immobile, surprenante », qui ne sera nommé qu’à la fin du paragraphe. Dans la marge de gauche du feuillet manuscrit, Victor Hugo a dessiné cette guillotine qu’il décrit avec tant de détails.
« Le jour ne tarda pas à poindre à l’horizon.
En même temps que le jour, une chose étrange, immobile, surprenante, et que les oiseaux du ciel ne connaissaient pas, apparut sur le plateau de la Tourgue au-dessus de la forêt de Fougères.
Cela avait été mis là dans la nuit. C’était dressé, plutôt que bâti. De loin sur l’horizon c’était une silhouette faite de lignes droites et dures ayant l’aspect d’une lettre hébraïque ou d’un de ces hiéroglyphes d’Égypte qui faisaient partie de l’alphabet de l’antique énigme.
Au premier abord, l’idée que cette chose éveillait était l’idée de l’inutile. Elle était là parmi les bruyères en fleur. On se demandait à quoi cela pouvait servir. Puis on sentait venir un frisson. C’était une sorte de tréteau ayant pour pieds quatre poteaux. À un bout du tréteau, deux hautes solives, debout et droites, reliées à leur sommet par une traverse, élevaient et tenaient suspendu un triangle qui semblait noir sur l’azur du matin. À l’autre bout du tréteau, il y avait une échelle. Entre les deux solives, en bas, au-dessous du triangle, on distinguait une sorte de panneau composé de deux sections mobiles qui, en s’ajustant l’une à l’autre, offraient au regard un trou rond à peu près de la dimension du cou d’un homme. La section supérieure du panneau glissait dans une rainure, de façon à pouvoir se hausser ou s’abaisser. Pour l’instant, les deux croissants qui en se rejoignant formaient le collier étaient écartés. On apercevait au pied des deux piliers portant le triangle une planche pouvant tourner sur charnière et ayant l’aspect d’une bascule. À côté de cette planche il y avait un panier long, et entre les deux piliers, en avant, et à l’extrémité du tréteau, un panier carré. C’était peint en rouge. Tout était en bois, excepté le triangle qui était en fer. On sentait que cela avait été construit par des hommes, tant c’était laid, mesquin et petit ; et cela aurait mérité d’être apporté là par des génies, tant c’était formidable.
Cette bâtisse difforme, c’était la guillotine. »
Victor Hugo, Quatrevingt-treize, T. 2, III, VII, 6.
>Texte intégral dans Gallica : Paris, Michel Lévy frères, 1874.
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Le Dernier Jour d’un condamné
En écrivant, à 27 ans, Le Dernier Jour d’un condamné (1829) comme un journal, à la première personne, Victor Hugo interpelle le lecteur en exposant les sentiments d’un homme à partir du verdict : "Condamné à mort ! Voilà cinq semaines que j’habite avec cette pensée" jusqu’à sa conduite à l’échafaud : "Ah ! les misérables ! il me semble qu’on monte l’escalier… Quatre heures."
Ce combat contre la peine de mort, Victor Hugo l’a mené toute sa vie. Dès l’enfance, il est fortement impressionné par la vision d’un condamné conduit à l’échafaud, sur une place de Burgos, puis, à l’adolescence, par les préparatifs du bourreau dressant la guillotine en place de Grève. Hanté par ce "meurtre judiciaire", il va tenter d’infléchir l’opinion en décrivant l’horreur de l’exécution, sa barbarie, en démontrant l’injustice (les vrais coupables sont la misère et l’ignorance) et l’inefficacité du châtiment. Utilisant tour à tour sa notoriété d’écrivain et son statut d’homme politique, Hugo met son éloquence au service de cette cause, à travers romans, poèmes, témoignages devant les tribunaux, plaidoiries, discours et votes à la Chambre des pairs, à l’Assemblée puis au Sénat, articles dans la presse européenne et lettres d’intervention en faveur de condamnés. À l’Assemblée constituante, il déclare le 15 septembre 1848 : "La peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie."
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[…] nous les exilés, nous les victimes, nous abjurons, au jour inévitable et prochain du grand dénouement révolutionnaire, nous abjurons toute volonté, tout sentiment, toute idée de représailles sanglantes !
Un combat à l'échelle du monde
Victor Hugo a tenté de sauver la vie de condamnés près de chez lui : sur les barricades de Paris, sur l'île de Guernesey où il résidait en exil... Mais il n'a pas pour autant ménagé ses efforts pour faire progresser l'abolition de la peine de mort dans le monde entier. Les progrès de l'abolition dans le monde occupent une place importante dans ses notes personnelles où il relève exécutions et avancées significatives.

Un mot sur George Brown : Hugo contre la peine de mort
Sa correspondance témoigne des liens qu'il entretenait à ce sujet avec des journalistes, des avocats, des hommes politiques de nombreux pays. On y mesure également la large influence que ses écrits et ses discours ont pu avoir, même à l'étranger : à la fin de sa vie, il est devenu l'un des porte-parole les plus reconnus de cette cause dans le monde.
Provenance
Cet article provient du site Les Essentiels de la littérature (2015).
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