Lettre à Antonio-Maria Padilla

 

Victor Hugo a tenté de sauver la vie de condamnés près de chez lui : sur les barricades de Paris, sur l'île où il résidait en exil... Mais il n'a pas pour autant ménagé ses efforts pour faire progresser l'abolition de la peine de mort dans le monde entier. Sa correspondance témoigne des liens qu'il entretenait à ce sujet avec des journalistes, des avocats, des hommes politiques de nombreux pays. On y mesure également la large influence que ses écrits et ses discours ont pu avoir, même à l'étranger : à la fin de sa vie, il est devenu l'un des porte-parole les plus reconnus de cette cause dans le monde.

 
   
 

Vous me remettez, au nom de votre libre République, un exemplaire de votre Constitution. Votre Constitution abolit la peine de mort, et vous voulez bien m'attribuer une part dans ce magnifique progrès. Je remercie avec une émotion profonde la République des États-Unis de Colombie.
En abolissant la peine de mort, elle donne un admirable exemple. Elle fait un double pas, l'un vers le bonheur, l'autre vers la gloire.
La grande voie est ouverte. Que l'Amérique marche, l'Europe suivra.
Transmettez, monsieur l'envoyé extraordinaire, l'expression de ma reconnaissance à vos nobles et libres concitoyens, et recevez l'assurance de ma haute considération.

 
 

Victor Hugo, Lettre à Antonio-Maria Padilla, ministre de la République de Colombie, 20 juin 1863