Lettre à Pedro de Brito Aranha

 

Victor Hugo a tenté de sauver la vie de condamnés près de chez lui : sur les barricades de Paris, sur l'île où il résidait en exil... Mais il n'a pas pour autant ménagé ses efforts pour faire progresser l'abolition de la peine de mort dans le monde entier. Sa correspondance témoigne des liens qu'il entretenait à ce sujet avec des journalistes, des avocats, des hommes politiques de nombreux pays. On y mesure également la large influence que ses écrits et ses discours ont pu avoir, même à l'étranger : à la fin de sa vie, il est devenu l'un des porte-parole les plus reconnus de cette cause dans le monde.

 
   
 

Votre noble lettre me fait battre le cœur.
Je savais la grande nouvelle. Il est doux d'en recevoir par vous l'écho sympathique.
Non, il n'y a pas de petits peuples.
Il y a de petits hommes, hélas ! […]
Le Portugal vient d'abolir la peine de mort.
Accomplir ce progrès, c'est faire le grand pas de la civilisation.
Dès aujourd'hui, le Portugal est à la tête de l'Europe.
Vous n'avez pas cessé d'être, vous Portugais, des navigateurs intrépides. Vous allez en avant, autrefois dans l'océan, aujourd'hui dans la vérité. Proclamer des principes, c'est plus beau encore que de découvrir des mondes.
Je crie : Gloire au Portugal, et à vous : Bonheur !
Je presse votre cordiale main.

 
 
Victor Hugo, "Lettre à Pedro de Brito Aranha, 15 juillet 1867", Actes et paroles II – Pendant l'exil
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