Procès de L'Événement

 

1851 : Charles, le fils du poète, comparaît en cour d'assises pour "outrage aux lois". Rédacteur du journal L'Événement, il a fait paraître un article protestant contre une exécution. Victor Hugo plaide lui-même pour la défense de son fils devant le tribunal, et choisit de s'attaquer au principe même de la peine capitale.

 
   
 

[…] pour ces pénalités qui osent être irréparables, sachant qu'elles peuvent être aveugles ; pour ces pénalités qui trempent leur doigt dans le sang humain pour écrire ce commandement : "Tu ne tueras pas !" ; pour ces pénalités impies qui font douter de l'humanité quand elles frappent le coupable, et qui font douter de Dieu quand elles frappent l'innocent ! Non ! non ! non ! nous n'en sommes pas là ! non !

[…] Oui, je le déclare, ce reste des pénalités sauvages, cette vieille et inintelligente loi du talion, cette loi du sang pour le sang, je l'ai combattue toute ma vie – toute ma vie, messieurs les jurés ! –, et, tant qu'il me restera un souffle dans la poitrine, je la combattrai de tous mes efforts comme écrivain, de tous mes actes et de tous mes votes comme législateur, je le déclare (M. Victor Hugo étend le bras et montre le christ qui est au fond de la salle, au-dessus du tribunal.) devant cette victime de la peine de mort qui est là, qui nous regarde et qui nous entend !

 
 

Victor Hugo, Pour Charles Hugo, procès de L'Événement, cours d'assises de la Seine,
11 juin 1851

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