"Le travail qui me reste à faire apparaît à mon esprit…"

   
 

Le travail qui me reste à faire apparaît à mon esprit comme une mer. C'est tout un immense horizon d'idées entrevues, d'ouvrages commencés, d'ébauches, de plans, d'épures à demi éclairées, de linéaments vagues, drames, comédies, histoires, poésie, philosophie, socialisme, naturalisme, entassement d'œuvres flottantes où ma pensée s'enfonce sans savoir si elle en reviendra. Si je meurs avant d'avoir fini, mes enfants trouveront dans l'armoire en faux laque qui est dans mon cabinet et qui est toute en tiroirs, une quantité considérable de choses à moitié faites ou tout à fait écrites, vers, prose etc.– Ils publieront tout cela sous ce titre : Océan.
J'écris cette note le 19 novembre 1846.

V. H.

 

Victor Hugo, Le manuscrit 24787, "Océan vers".