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Travailleurs de la mer, de l’éphémère,
du mouvement : c’est vers un territoire où les frontières
s’oublient et où l’eau peut prendre feu que nous entraîne
Hugo. À la merci des éléments, les îles de
la Manche servent son projet.
S’inspirant du naufrage d’un bateau à vapeur en 1851, Hugo commence
en 1864 à écrire, sous le titre "L’Abîme", l’histoire
de Gilliatt, marin de nulle part épris d’absolu, quittant l’univers
des hommes pour celui des oiseaux et des tempêtes, afin de sauver
la machine de la Durande et éveiller l’amour de Déruchette.
Il ramènera la première à terre, la seconde partira
au loin.
À la croisée des genres (roman d’aventures, sentimental,
initiatique, épique…) sans jamais s’y plier, le mystère,
l’immense, l’indéterminé, l’exil, le chaos et l’ordre se
rencontrent et se heurtent dans cette quête de l’insaisissable,
métaphore d’une création qui n’est pas seulement littéraire :
Hugo réalise pour ce roman trente-six
dessins (marines, personnages), moins illustrations qu’expérimentations
graphiques.
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