|
Dans la préface de la
réédition de 1832 du Dernier Jour d’un Condamné,
Victor Hugo "avoue hautement" que ce livre n’est rien d’autre "qu’un plaidoyer
[…] pour l’abolition de la peine de mort", et souligne que son écriture
l’a libéré d’une culpabilité, "il [l’auteur] n’a
plus senti à son front cette goutte de sang qui rejaillit de la
Grève sur la tête de tous les membres de la communauté
sociale". Mais, ajoute-t-il, "se laver les mains est bien, empêcher
le sang de couler serait mieux", et il ne va plus cesser de se battre
pour cette idée. Il a trente ans, il en avait vingt-sept à
la première édition, et déjà à vingt
ans, dans Han d’Islande, il exprimait son dégoût du
"meurtre judiciaire".
Comme obsédé par
sa première rencontre en 1812 avec un condamné mené
à l’échafaud sur une place de Burgos (scène décrite
dans Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie),
et poursuivi par l’image intolérable de la foule accourant au spectacle
des exécutions publiques, il luttera jusqu’à son dernier
souffle contre la peine capitale au nom de l’inviolabilité de la
vie humaine, dénonçant l’horreur en même temps que
l’inefficacité du châtiment. Utilisant tour à tour
sa notoriété d’écrivain et son statut d’homme politique,
il met son art littéraire au service de cette cause, à travers
romans, poèmes, témoignages devant les tribunaux, plaidoiries,
discours et votes à la Chambre des pairs, à l’Assemblée
puis au Sénat, articles dans la presse européenne et lettres
d’intervention en faveur de condamnés – allant jusqu’à tenter
de convaincre Juarez, dont il salue le combat pour la libération
du Mexique, "d’épargner l’usurpateur" Maximilien.
|