C’est dans l’art du manuscrit que va s’épanouir la peinture. Si l’on excepte les fragments fatimides découverts à Fustât, en Égypte, les premières représentations figuratives connues remontent au XIe siècle et apparaissent d’abord dans des manuscrits à caractère scientifique ou technique.
Réalisés dès le seuil du XIIIe siècle à la cour abbasside de Bagdad ou dans les cours princières environnantes, ces manuscrits sont produits pour un public riche et cultivé. L’image y a pour fonction d’expliciter le texte, et ces traités seront recopiés fidèlement pendant plusieurs siècles. Mais, à partir du XVe siècle, les Persans puis les Turcs introduisent des scènes plus narratives : à la simple représentation des instruments chirurgicaux, par exemple, s’adjoint désormais celle du praticien en train de les utiliser. De même, dans un manuscrit turc du XVIe siècle, on voit l’astronome Tâqî ad-Dîn manipuler quadrants et sphères dans son observatoire d’Istanbul.
La deuxième catégorie de manuscrits illustrés copiés dans le monde arabe est constituée de rares textes littéraires. Les plus importants sont les Maqâmât (Livre des séances), œuvre d’une grande virtuosité linguistique et stylistique d’al-Harîrî (1054-1122), et un recueil de fables venues d’Inde, traduites en arabe par Ibn al-Muqaffa’ vers 750, Kalila wa Dimna.