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Bandô Mitsugorô II dans le rôle d’un rônin

Bandô Mitsugorô II dans le rôle d’un rônin
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Mitsugorô II (1750-1829), acteur sous ce nom de 1785 à 1799, interprète le rôle d’un rônin, un samuraï sans maître. Kana-dehon chûshingura (le « Trésor des vassaux fidèles » ), du plus grand dramaturge japonais, Chikamatsu Monzae mon (1653-1724), relatait des événements tragiques qui s’étaient déroulés de 1701 à 1703. Fidèles à leur seigneur, condamné à se donner la mort pour avoir dégainé son sabre et menacé un autre daimyô, qui le provoquait, quarante-sept samuraïs désormais sans fiefs et sans ressources, le vengèrent. Se condamnant, à leur tour, à mourir honorablement, ils accomplirent un seppuku (hara-kiri) collectif. Cette pièce en onze actes créée pour le théâtre de marionnettes en 1748, fut adaptée ensuite au kabuki et se joue encore. Le tombeau des rônin se trouve dans le temple Sengakuji, au sud de Tôkyô.

Incarnant l’action violente, Toyokuni campe ici la fulgurante figure d’un rônin ; l’expression des acteurs et leurs poses deviennent beaucoup plus exacerbées. Il saisit l’acteur dans ce qu’on appelle la Mi-e, la pose. Ce terme signifie le moment où l’acteur s’arrête au milieu d’une scène, fixe le public de son strabisme divergent accentué, pour montrer le visage le plus expressif possible. Tout l’art du kabuki réside en effet dans les expressions du visage et souvent aussi dans son maquillage. Réaliste, il se distingue du théâtre Nô, réservé à la noblesse, où les acteurs portent un masque, et qui est un théâtre fondé sur la spiritualité, le surnaturel. La posture, construite en X, saisit le personnage sur le vif, l’épée à peine dégaînée, en position d’attaque ou de défense, un rouleau entre les dents. La silhouette, à dominante noire, cernée d’un trait incisif, s’impose, menaçante, sur un espace vide. Le graphisme, nerveux, aigu, volontairement rigide, s’adapte à la tension du corps. Toyokuni, par une couleur uniforme et quelques lignes, révèle la contraction de la musculature. Alors qu’ils semblent reposer sur le sol, le magnétisme de la terre étant très présent pour les Japonais, ses pieds reposent sur un fond neutre, c’est-à-dire en fait sur du vide.
Les calligraphies du cartouche et de la signature sont les uniques éléments qui ponctuent l’espace, tout en contribuant à sa profondeur et à l’équilibre de la composition. (G. L.)

© Bibliothèque nationale de France

  • Auteur(es)
    Utagawa Toyokuni (1769-1825)
  • Description technique
    Signé : « Toyokuni ga »
    Éditeur sous la signature : Mikawaya Rihei
    Nishiki-e. Format ôban. 387 x 262 mm
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la Photographie, RESERVE DE-10, J. B. 640

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm314200026c