anthologie
jeux de princes

TACITE

XXIVe
(55-57/117)

La Germanie

 
1) Il n'y a qu'une sorte de spectacle, toujours la même dans toutes les réunions : des jeunes hommes nus, qui font cela par jeu, se jettent, en dansant, au milieu de glaives et de framées pointées contre eux.

2) La pratique a suscité l'art, l'art a fait naître la beauté, niais non par esprit de lucre ni pour un salaire : la récompense de cet amusement, aussi dangereux soit-il, est le plaisir des spectateurs.

3) Ils jouent aux dés, chose étonnante, à jeun, et comme une affaire sérieuse, ils témoignent à gagner et à perdre, d'un acharnement si déraisonnable que lorsqu'ils n'ont plus rien, ils mettent en jeu, sur un suprême et dernier coup, leur liberté et leur propre personne.

4) Le perdant accepte une servitude volontaire; bien que plus jeune, bien que plus robuste. il supporte d'être enchaîné et mis en vente. Tel est, en cette matière, leur fol entêtement; eux-mêmes appellent cela loyauté. Les esclaves de cette catégorie sont mis par eux dans le commerce, pour effacer la honte d'avoir gagné.