Valve de miroir
Paris, vers 1300
Ivoire d'éléphant
Musée du Louvre, Objets d'art, inv. OA 117
© Musée du Louvre , © RMN / Daniel Arnaudet
Parmi les objets de toilette précieux et raffinés dont l'usage se développe à partir du XIVe siècle figurent les valves de miroir, dont l'extérieur est orné de scènes généralement profanes. Cette pièce du Louvre en offre un des exemples les plus achevés, dans le style souple et élégant des ateliers parisiens du temps de Philippe le Bel associé à une composition savante.
La scène se passe sous une tente aux pans relevés symétriquement. Le centre de la composition, sur lequel se focalisent tous les regards, est le jeu d'échecs et les mains des joueurs : le jeune homme tient une pièce d'échecs tandis que son adversaire, une jeune femme avec une coiffure "à cornes", désigne une pièce de l'échiquier, et en tient deux dans l'autre main (cherche-t-elle à tricher ?). Chacun est conseillé par un serviteur.
Cette représentation, qu'on a pu rapprocher d'un épisode de Huon de Bordeaux ou de Tristan et Yseult, est fréquente dans le répertoire décoratif des valves de miroir, essentiellement formé d'évocations idéales de la vie courtoise qui renvoient très rarement à un texte précis. Le jeu d'échecs était en effet une métaphore courante de l'amour courtois, avec sa codification très précise, par opposition aux jeux de dés, symboles de la débauche. Ici, la servante tient une couronne pour le vainqueur de ce jeu, qui est aussi celui de la séduction.