Jeux dans un ballet
D'après Daniel Rabel, dessinateur
Ballet des fées des forests de Saint-Germain
1625.
Dessins à la plume aquarellés, gouachés
25,2 x 35,8 cm et 25 x 39,6 cm
BnF, Estampes, Qb 3 Réserve, fol., pl. 5 (" Récit du jeu") et 11 (" Renard et poulles [sic]")
Dansé par Louis XIII et son entourage au Louvre le 11 février 1625, ce ballet est illustré par vingt-neuf dessins, dont les originaux de Daniel Rabel (vers 1578 - 1637) sont conservés au Louvre. Ces spectacles réunissaient des costumes divers : mythologiques, allégoriques, exotiques, grotesques.
Le "Récit du Jeu" présente, sur la planche nº 5, une espèce d'homme-orchestre revêtu des attributs de son activité : outre le luth dont la musique scande l'entrée du comédien, son pourpoint, habillé d'un échiquier ouvert, est orné de cartes à jouer formant collerette et décorant ses manches. Raquette et balle (éteuf) du jeu de paume lui servent d'épaulette gauche, tandis que sa ceinture incrustée de dés accueille une queue de billard et un maillet de palemail. Sa coiffure est probablement un bracciale (manchon en bois hérissé de pointes) pour le ballon (pallone), que ceignent des cornets et des dés alternés, le tout paré d'un ballon sur l'oreille.
Ce thème inspirera nombre de graveurs aux XVIIe et XVIIIe siècles, notamment Nicolas II de Larmessin et sa fameuse suite de "costumes grotesques" (1695). Le "jeu du renard et des poulles", déjà connu au Moyen Âge, est un classique des XVIe et XVIIe siècles qui prendra au XIXe siècle une coloration militaire, devenant " jeu de l'assaut" ou asalto. Classé "jeu de chasse", il oppose, sur un plateau en croix, un prédateur, ici le renard, à des proies vulnérables, nombreuses, poules, oies ou brebis, chaque camp devant anéantir l'adversaire. Ici, l'artiste a imaginé un jeu fictif sur un tablier de petite marelle portant seulement neuf poules, au lieu des douze prévues, et mettant le renard hors jeu !