Quand la vague a frappé
Pablo Neruda

  Quand la vague a frappé

Quand la vague a frappé sur la roche indocile
qu'éclate la clarté en instaurant sa rose
le cercle de la mer s'amasse en une grappe
et pend en une seule goutte de sel bleu.

Oh radieux magnolia délié dans l'écume,
voyageur magnétique et fleuri dans la mort,
dans l'éternel retour de l'être et du non-être :
sel brisé, éblouissant mouvement marin.

Mon amour, tous les deux, nous scellons le silence,
la mer a beau ruiner ses statues incessantes
et renverser ses tours de folie, de blancheur,

nous, dans la trame de cette étoffe invisible
que font l'eau emballée et le sable éternel,
nous maintenons la tendresse unique et traquée.

Pablo Neruda, Quand la vague a frappé, in Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée, traduit par Jean Marceanc et André Bonhomme, recueilli dans Les premiers livres © Editions Gallimard
© Editeurs Français Réunis pour la traduction française