Allée de chênes. Cuvelier.

Il n'est nullement prouvé jusqu'à présent que la photographie ait joué un rôle dans l'accomplissement de l'impressionnisme. Des artistes ont pu regarder attentivement des épreuves comme celle-ci et même y copier des éléments sans cesser de voir et de sentir la nature par eux-mêmes. La dissolution de la forme par la lumière, déjà observée par de grands maîtres comme Vélasquez ou Goya, était l'aboutissement logique, sinon inéluctable, d'une esthétique picturale profondément renouvelée d'un côté par Delacroix, de l'autre par les peintres en plein air. Par ailleurs ce qui était vision nouvelle et volontaire chez les peintres n'était qu'effets involontaires chez les photographes : à cause de leur insuffisante sensibilité, les préparations argentiques de l'époque ne captaient les formes en mouvement qu'en les brouillant. Cette intervention de la technique dans le résultat ne diminue en rien le mérite de Cuvelier et de ses pareils qui savaient choisir le point de vue, le cadrage, le moment et nous procurer d'un lieu vu dix fois au naturel ou en peinture une représentation nouvelle.