Les Nadar, une légende photographique

Les Nadar

en

Préparation anatomique et portraits

Guillaume-Benjamin Duchenne (de Boulogne), 1862

Mécanisme de la physionomie humaine, ou Analyse électro-physiologique de l'expression des passions, chez Vve J. Renouard (Paris), figure 3
Avec un atlas composé de 74 figures électro-physiologiques photographiées pour la plupart entre 1852 et 1856 par le Dr. Duchenne de Boulogne, assisté d'Adrien Tournachon dit "Nadar Jne". Épreuves sur papier albuminé
BnF, Réserve des livres rares, 4-TB52-20
© Bibliothèque nationale de France
Le choix du modèle privilégié de Duchenne, un cordonnier parisien dont l’étrange faciès a de quoi surprendre, ne doit rien au hasard. Frappé d'anesthésie faciale, ses expressions ne répondent exclusivement qu’aux stimulations électriques et sa douleur est presque nulle. Garantie redoublée par le fait que ce vieillard, « d’un caractère doux et inoffensif », « est trop peu intelligent ou trop peu impressionnable pour rendre lui-même les expressions que je reproduis sur sa face. » (p. 8) Duchenne s’en justifie : « J’aurais pu choisir, à l’exemple des artistes, en général, un modèle dont la physionomie se trouvât en harmonie avec telle ou telle expression. En renonçant à ces avantages, je me suis privé d’un puissant moyen d’augmenter l’intérêt de mes expériences ; […] j'ai voulu seulement démontrer qu'en l'absence de beauté plastique, malgré les défauts de la forme, toute figure humaine peut devenir moralement belle, par la peinture fidèle des émotions de l'âme. » (p. 7) Interrogé, le modèle avouera surtout avoir « eu quelque peine à s’empêcher de rire ».