Les écritures coufiques


Aux VIIe et VIIIe siècles, les premiers corans conservés sont copiés dans une écriture appelée higâzî. D'autres graphies, nommées coufiques (ou écritures abbassides anciennes), naissent au siècle suivant et s’éloignent fortement des écritures courantes. Largement répandues à travers l’ensemble du monde islamique, d'une grande variété d'aspect, les écritures coufiques parent le texte sacré d’un éclat incomparable.

 

 

Le style higâzî


Pendant plusieurs décennies, le Coran demeure le seul livre arabe copié dans un style appelé higâzi. Les paléographes retiennent ce nom pour désigner les plus anciennes variétés d’écritures livresques, par référence à la région où se trouvent La Mecque et Médine : ces écritures étaient déjà en usage au moment de l’apparition de l’islam. Dès la fin du VIIe siècle, elles sont homogénéisées et retravaillées. Ces efforts coïncident avec l’extension de l’emploi de l’alphabet arabe au sein de l’empire : c'est à cette époque que le calife omeyyade ‘Abd al-Malik impose l’usage de l’arabe dans la chancellerie.

 

 

De nouveaux styles

 

Le VIIIe siècle voit l'élaboration de nouveaux styles. Pour les désigner, l’appellation d’"écritures abbassides anciennes" paraît préférable au traditionnel "coufique", qui correspond à un nombre important de graphies bien différenciées. Réservées à la copie du Coran, ces écritures se constituent en décalage par rapport à celle de l’usage quotidien. Le trait est fortement marqué ; la composante horizontale est soulignée, tandis que les éléments verticaux, ramenés autant que possible à des perpendiculaires, interviennent pour scander le mouvement de l’écriture.
   

 


Vers la fin du IXe siècle, un style dont les prémices remontent à la fin du VIIIe siècle et dont l’usage, cantonné un temps au domaine des documents administratifs et juridiques, s’est élargi à celui des manuscrits non coraniques, commence à être employé pour copier le Coran. Une apparence plus élancée, une meilleure lisibilité, peut-être aussi une plus grande facilité d’exécution pourraient expliquer son succès au Xe siècle dans la calligraphie coranique. Les corans sont de plus en plus fréquemment copiés sur des feuillets de format vertical et cessent donc de se distinguer des autres livres. Est-ce l’introduction du papier qui a pesé sur cette évolution et accéléré la disparition des écritures abbassides anciennes ?

Le Xe siècle est un moment de rupture. L’unité graphique du monde musulman se fracture avec l’apparition en Occident musulman (Maghreb et Espagne) d’une écriture spécifique, le maghribî. Simultanément, triomphent en Orient des écritures cursives qui traverseront les siècles jusqu’à nos jours.