Les écritures orientales


C’est aussi au Xe siècle qu’apparaît en Orient une graphie cursive au tracé plus souple, le naskhî, issue du rapprochement des écritures coufiques et administratives courantes. La diffusion de l’écrit dans la société, favorisée par le papier, contribue à la généralisation de cette écriture, toujours utilisée aujourd’hui dans l’ensemble du monde arabe.

 

 

Le nashkî


Au Xe siècle, l'introduction dans le monde arabe du papier, support moins coûteux et fragile que le papyrus ou le parchemin, permet un grand essor du livre. Les mosquées, madrasas et bibliothèques deviennent les principaux lieux de transmission orale et écrite des textes. Le manuscrit est désormais au centre de la vie intellectuelle arabo-islamique, tant dans son élaboration, sa copie, sa vérification que dans ses commentaires. Pour répondre au besoin de grandissant de copies d’ouvrages religieux, mais aussi scientifiques ou littéraires, une écriture cursive, plus lisible et plus rapide à exécuter, se s'impose peu à peu : c'est le nashkî, écriture à la fois courante et premier des six styles calligraphiques traditionnels. Rapidement, le nashkî devient la graphie la plus répandue de l'Orient musulman.

 

 

Écritures persanes


À partir du XIe siècle, l’écriture arabe sert à noter la langue persane. Peuple à la culture raffinée, les Persans ont tendance à cultiver leurs particularismes et vont utiliser de nombreux styles propres, encouragés par l'existence de centres politiques et administratifs régionaux. C’est en effet grâce aux innovations de rédacteurs de la chancellerie qu’est née l’écriture dite ta‘lîq ("suspendue") qui sert dès le XIe siècle pour copier les documents officiels : ses ligatures rendent presque impossible sa falsification. En 1370, apparaît l’écriture que l’on nomme naskhta‘lîq, puis simplement nasta‘lîq, combinant l’écriture "standard" des manuscrits (naskh) et les formes harmonieuses du ta‘lîq. Son succès ne se démentira plus dans les pays de culture persane. Seule la copie du Coran ne fait pas appel à ce nouveau type d’écriture dont les figures conviennent tout à fait à la mise en page de la poésie persane. Enfin vers 1670 apparaît à Ispahan le sikasta, combinant les formes du nasta‘lîq et celles du ta‘lîq.

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Écritures turques


Dès le XVIe siècle, les Ottomans dominent monde arabe et cultivent brillamment l’art de l’écriture. Trilingues, ils copient en turc, en arabe et en persan toute sorte d'ouvrages, corans et livres de prières bien sûr, mais aussi chroniques historiques, livres scientifiques, grammaires, poésie… Pour les livres en langue turque, l’écriture nesih (nom turc du naskhî) est volontiers employée. L’écriture nasta‘lîq, connue en Turquie sous le nom de ta‘lîq, sert pour la poésie.

Comme la persane, la langue turque est très vocalique, ce qui implique des variations de rythme graphique (successions des élévations et des étirements des lettres, ligatures) dans la transcription arabe dont l'alphabet est consonantique. Pour éviter les falsifications tout en exaltant la grandeur du souverain, une écriture particulière est utilisée par la chancellerie : le divânî. Cette écriture difficile ne laisse pas d’espaces entre les mots ni en bout de ligne, comme dans les actes notariés en Occident, afin d’éviter un éventuel ajout. Dans un système graphique qui ignore les majuscules, hauteur de la lettre, inclinaison, alignement, ligatures sont d’une grande importance.