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Manuscrits et peintures arabes

Les anges dans un traité de cosmogonie
Les anges dans un traité de cosmogonie

Bibliothèque nationale de France

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La peinture occupe une place réduite dans le monde arabe. Se déployant essentiellement dans les livres, elle connaît son apogée en Iraq au 13e siècle.

Les ouvrages scientifiques ou techniques constituent la première catégorie de manuscrits illustrés. La science connaît en islam médiéval un extraordinaire développement, favorisé par de nombreuses traductions en langue arabe des textes grecs mais aussi syriaques, pehlevis et sanskrits. Les premiers manuscrits peints sont inspirés de modèles grecs, y compris pour les illustrations. Le De materia medica de Dioscoride fut l'un des premiers ouvrages scientifiques traduits : l'iconographie des plantes dans l'exemplaire copié en Mésopotamie au 12e siècle est très proche d'un manuscrit grec. Le Livre des étoiles fixes d'al-Sûfî donna lieu à de nombreuses copies dont la plus ancienne conservée fut exécutée par le fils de l'auteur en 1009. Les constellations du zodiaque y sont représentées sous forme d'êtres animés, conformément à la tradition grecque mais en introduisant les canons physiques de l'époque. Dans bien des domaines comme la botanique, la pharmacologie, l'astronomie, la zoologie, la mécanique ou la géographie, de nombreux livres sont ornés de dessins ou de schémas à fonction didactique qui contribuent à la compréhension du texte. Certains manuscrits scientifiques peuvent être aussi ornés de scènes narratives comme cette « fabrication du plomb » du Dioscoride de 1224. Le Traité de la Thériaque, ouvrage de pharmacologie réalisé dans le Nord de l'Iraq en 1199 allie également herbiers de plantes médicinales et peintures accompagnant les récits sur la préparation de la thériaque, antidote contre les morsures de serpents.

Anatomie et pathologie du cheval
Anatomie et pathologie du cheval |

© Bibliothèque nationale de France

Constellation d’Orion dans un célébre traité d’astronomie
Constellation d’Orion dans un célébre traité d’astronomie |

© Bibliothèque nationale de France

La peinture des ouvrages scientifiques, comme celle des autres manuscrits arabes illustrés connaît son apogée au cours du 13e siècle et au début du 14e siècle. C'est à cette époque qu'apparaissent en Égypte et Syrie les ouvrages d'hippiatrie et de furusiyya, l'art militaire et équestre, très en vogue sous les Mamelouks et qui comportent de nombreuses illustrations.

La peinture des manuscrits littéraires

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Les ouvrages littéraires constituent la seconde catégorie de manuscrits à peinture. Deux grands classiques de la littérature arabe donnent lieu à de nombreuses versions illustrées, fort prisées par une clientèle bourgeoise riche et cultivée. Le premier, Kalîla wa Dimna, est un recueil de fables d'origine indienne adaptées en 750 par Ibn al-Muqaffâ. Le second, les Maqâmât (Séances), est un récit picaresque du 11e siècle dû à al-Harîrî. D'autres ouvrages, comme le roman d'amour platonique de Bayâd et Riyâd dont il reste un seul exemplaire, copié en Espagne musulmane au 13e siècle, sont, eux aussi, ornés de miniatures.

Les deux chacals Kalîla et Dimna
Les deux chacals Kalîla et Dimna |

Bibliothèque nationale de France

Al Maqâmât (Les Séances)
Al Maqâmât (Les Séances) |

Bibliothèque nationale de France

Les manuscrits les plus nombreux et les plus remarquables d'un point de vue artistique sont produits en Mésopotamie et en Syrie dans la première moitié du 13e siècle. Dégagé peu à peu des influences antérieures, cet art atteint son sommet à Bagdad avec le manuscrit des Maqâmât peint par al-Wâsitî en 1237. Dans des compositions très riches, tant du point de vue de la variété des scènes que des coloris, construites sans perspective, personnages et animaux sont représentés de façon extrêmement vivante. Les rares manuscrits de la même époque qui restent de l'Occident musulman sont très proches stylistiquement.

La 31e séance : retrouvailles et séparation
La 31e séance : retrouvailles et séparation |

Bibliothèque nationale de France

La prise de Bagdad en 1258 par les Mongols déplace les centres de production artistique arabe vers la Syrie et l'Egypte mameloukes. La peinture d'illustration continue d'être pratiquée mais avec une réduction des codes de représentation et, inversement, une mise en valeur des éléments décoratifs de l'image. Ce changement stylistique témoigne d'un recul de l'image dans la culture arabo-islamique au moment même la calligraphie et de l'enluminure atteignent des sommets de perfection et de raffinement.
Les versions des Maqâmât, de Kalîla wa Dimna perpétuent néanmoins les traditions picturales classiques, mais de manière plus figée.

Le combat des hiboux et des corbeaux
Le combat des hiboux et des corbeaux |

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Un bateau à voile sur l’Euphrate dans les Séances d’Harîrî
Un bateau à voile sur l’Euphrate dans les Séances d’Harîrî |

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