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"Puisque donc cette révélation
est la vérité, et qu’elle appelle à pratiquer l’examen
rationnel qui assure la connaissance de la vérité, alors
nous, musulmans, savons de science certaine que l’examen [des étants]
par la démonstration n’entraînera nulle contradiction avec
les enseignements apportés par le Texte révélé :
car la vérité ne peut être contraire à la vérité,
mais s’accorde avec elle et témoigne en sa faveur.
S’il en est ainsi, et que l’examen aboutit
à une connaissance quelconque à propos d’un étant
quel qu’il soit, alors de deux choses l’une : soit sur cet étant
le Texte révélé se tait, soit il énonce une
connaissance à son sujet. Dans le premier cas, il n’y a même
pas lieu à contradiction, et le cas équivaut à celui
des statuts légaux non édictés par le Texte, mais
que le juriste déduit par syllogisme juridique. Dans le second,
de deux choses l’une : soit le sens obvie* de l’énoncé
est en accord avec le résultat de la démonstration, soit
il le contredit. S’il y a accord, il n’y a rien à en dire ;
s’il y a contradiction, alors il faut interpréter le sens obvie.
(…)
Nous affirmons catégoriquement que
partout où il y a contradiction (…) cet énoncé est
susceptible d’être interprété suivant des règles
d’interprétation de la langue arabe. C’est là une proposition
dont nul musulman ne doute et qui ne suscite point d’hésitation
chez le croyant. Mais combien encore s’accroît la certitude qu’elle
est vraie chez celui qui s’est attaché à cette idée
et l’a expérimentée, et s’est personnellement fixé
pour dessein d’opérer la conciliation de la connaissance rationnelle
et de la connaissance transmise !"
Averroès,
Discours décisif. Paris, Flammarion, 1996 (trad. M. Geoffroy)
* sens "évident", qui vient immédiatement
à l’esprit

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