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Autres traditions livresques dans le monde arabe

Langue copte et langue arabe
Langue copte et langue arabe

© Bibliothèque nationale de France

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Lors de la conquête islamique, le livre était déjà présent au Proche-Orient. On copiait en particulier des textes en grec, en copte, en hébreu et syriaque. Certaines de ces traditions se sont progressivement éteinte, quand d'autres se sont poursuivies.

Manuscrits coptes

Illustrant dès leurs débuts (fin du 3e siècle) la technique du codex – les rouleaux sont très rares – les manuscrits coptes figurent, grâce au conservatoire exceptionnel qu’est l’Égypte, parmi les plus anciens témoins de reliures. Entre le 6e et le 10e siècle, le livre copte reste par bien des côtés comparable au livre grec, ne serait-ce qu’à cause de l’écriture basée sur l’alphabet grec et des traductions de la littérature chrétienne dont il est le support. Mais les conséquences de la conquête musulmane de 641 viennent infléchir son évolution de manière substantielle.

La Transfiguration dans un évangéliaire copte du 12e siècle
La Transfiguration dans un évangéliaire copte du 12e siècle |

Bibliothèque nationale de France

La langue copte disparaît progressivement au profit de l’arabe, ce qui provoque l’irruption d’une écriture fondamentalement différente : certains manuscrits d’apparat sont copiés en copte, mais largement pourvus d’annotations ou de titres arabes ; dans d’autres manuscrits, surtout à partir du 11e siècle, on fait se côtoyer les deux langues, le copte occupant les deux tiers de la largeur de la page à gauche tandis que l’arabe, plus concis et se lisant de droite à gauche, est copié sur le tiers restant (le sens de lecture de l’ensemble du livre reste celui du copte) ; certains enfin ne sont écrits qu’en arabe, avec de temps en temps quelques mots ou paragraphes en copte quand il s’agit de liturgie.
Le livre copte n’est plus désormais seulement un ouvrage écrit en copte, mais un manuscrit chrétien d’Égypte qui s’intègre parfaitement dans l’histoire du livre arabe d’Égypte.

Manuscrits hébreux

"Ô peuple du Livre !" C’est ainsi qu’Allah s’adresse aux juifs dans la cinquième sourate du Coran. Civilisation de l’écrit, le judaïsme connaît en terre d’Islam, une production livresque vivace et abondante.
Mésopotamie, Syrie, Palestine et Égypte sont le berceau de cet art du livre, la plupart des pages décorées du 10e au 13e siècle ayant survécu grâce à la Gueniza du Caire. Pour cette période, la variété et la richesse des diverses écoles orientales se retrouvent sur les pages hébraïques : stylistiquement, les tendances correspondent à l’art musulman de la même période. Au 14e siècle commence le déclin de l’enluminure hébraïque en Orient, sauf au Yémen, qui poursuit aux 14e et 15e siècles la tradition féconde inaugurée au 10e siècle.

Écriture hébraïque influencée par l’arabe
Écriture hébraïque influencée par l’arabe |

© Bibliothèque nationale de France

Manuscrits syriaques

L’histoire du livre syriaque, et notamment du manuscrit, se confond pratiquement avec celle du christianisme en Orient. En effet, la langue, l’écriture et la culture syriaques sont celles des chrétiens du Proche-Orient, de langue araméenne. C’est à Édesse (actuelle Urfa, dans le Sud-Est de la Turquie), capitale d’un royaume où l’on parlait et écrivait la langue araméenne, que naît la culture syriaque et, grâce au rôle de cette cité dans la diffusion du christianisme en Orient, cette culture s’est largement répandue en Asie.
Les chrétiens d’Orient se sont très tôt souciés d’avoir une version de la Bible dans leur langue et, dès le 4e, ils ont disposé d’une traduction qui est restée la version courante de la Bible en syriaque. Le syriaque a été la langue culturelle et liturgique des chrétiens de l’Église d’Orient, souvent dite nestorienne, de l’Église syro-orthodoxe ou jacobite, de l’Église maronite ainsi que de l’Église melkite, dans une moindre mesure. L’écriture utilisée reflète cette variété.

Manuscrit syriaque
Manuscrit syriaque |

© Bibliothèque nationale de France

Le plus ancien manuscrit syriaque daté qui ait été conservé remonte à 411. C’est un recueil de textes patristiques. Le contenu des manuscrits syriaques est essentiellement de la littérature chrétienne. On y trouve surtout des livres à usage liturgique (bibles, lectionnaires, rituels, canons de la messe, commentaires bibliques, livres patristiques, ouvrages de théologie, de philosophie, de spiritualité, d’hagiographie) mais aussi ouvrages de grammaire et de lexicographie, chroniques, etc.
Dès l’origine, les manuscrits syriaques ont la forme de codex. Ils sont écrits sur parchemin, puis progressivement sur papier à partir du 12e siècle. Si les manuscrits syriaques n’ont pas la richesse d’ornementation des manuscrits arabes, les scribes les ont quand même volontiers décorés. Le plus souvent, le titre de l’œuvre ou des œuvres est écrit à l’encre rouge, surmonté et encadré d’un portique ornemental généralement formé de rubans de différentes couleurs qui s’entrelacent. Quelques manuscrits sont ornés de miniatures figuratives, prophète ou évangéliste en train d’écrire son œuvre, scène liturgique, etc. Mais l’image la plus fréquente est une croix ornementale en pleine page, dressée sur un socle à degrés.

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