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Le livre arabe

Le rangement des livres
Le rangement des livres

© Bibliothèque nationale de France

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Dans le monde arabe, le livre tient une place particulière. Objet de vénération à travers le Coran, il porte en lui le prestige de l'écrit.

Dans le monde arabo-islamique, le manuscrit règne en majesté jusqu’au 18e siècle et n’est que tardivement et progressivement supplanté par le livre imprimé. Le livre arabe, le kitâb, est d’abord l’écrit, selon le sens même affecté aux trois consonnes de la racine ktb. Dès les origines, le livre est le contenu visible, en lettres, d’une parole, sa transcription. Ainsi du premier, chronologiquement et statutairement, le Coran ; ainsi encore, dans le domaine profane, de tel ou tel document, voire de la correspondance…

Le prestige de l’écrit rejaillit d’emblée sur le scribe (kâtib), fonctionnaire des bureaux de la chancellerie impériale à Bagdad et, tout autant et souvent, écrivain. En ce dernier rôle, il n’était pas seul : l’immense production rédigée en arabe, littéraire, religieuse, philosophique ou scientifique, témoigne de la vitalité et du prestige du livre, d’un bout à l’autre du domaine de l’Islam.

La vénération portée au Coran, puis au livre en général, est à la source de deux arts : le tracé des lettres elles-mêmes, la calligraphie – lignes pures des coufiques du 8e au 10e siècle, proportions harmonieuses du muhaqqaq mamelouk, courbes ornementales des écritures maghrébines – et l’ornementation.

L’interdit religieux de la représentation des êtres animés favorise l’épanouissement du décor et de l’enluminure : pages tapis des corans, entrelacs géométriques, sarlawh ottomans, médaillons et vignettes rehaussées d’or qui rythment le texte sacré… La peinture d’illustration, essentiellement réservée aux ouvrages scientifiques et à quelques œuvres littéraires, est portée à son plus haut degré d’épanouissement au 13e siècle avec l’école de Bagdad.

Beaucoup de ces œuvres sont parées de magnifiques reliures : cuirs estampés, rehaussés d’or, aux savantes découpes et élégantes mandorles, papiers marbrés, décorés ou peints. Devenu objet d’art, le livre se désigne alors par référence à une autre racine, celle de la page, justement.

Cet art du livre traditionnel se perpétue de nos jours : il inspire encore nombre d’artistes contemporains…

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