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Les fables de Kalîla et Dimna

Ecrites à destination des princes, dans un but éducatif, présentées comme une traduction de récits indiens, les fables de Kalîla et Dimna comptent parmi les œuvres littéraires arabes les plus diffusées, commentées et traduites. Elles ont même traversé les mers jusqu'à l'oreille d'un certain La Fontaine...

Kalîla wa Dimna est présenté comme étant une traduction des Fables de Bidpaï. À l’origine, ces fables animalières, tirées d’une épopée fondatrice de la civilisation indienne – le Pantchatantra –, auraient été écrites en sanskrit, vers 200, par un brahmane inconnu, équivalent d’Ésope pour la tradition indienne, puis traduites en persan et, au 6e siècle, en syriaque.

L’adaptation du persan en arabe, réalisée par Ibn al-Muqaffa‘ vers 750, obéit aux préoccupations de son auteur. Premier grand prosateur de langue arabe et haut dignitaire de l’administration, Ibn al-Muqaffa‘ consacra ses écrits d’une part à l’éthique politique, exprimant sa conception du pouvoir, d’autre part au savoir nécessaire à l’homme pour se bien conduire sur terre et assurer son salut dans l’au-delà (l’adab). Sous la forme voilée de la fable, les deux héros, des chacals nommés Kalîla et Dimna, rapportent au long de dix-huit chapitres des anecdotes (une histoire par chapitre), relatent des intrigues de cour, donnent des conseils et édictent des règles de conduite.

Ce recueil d’apologues aurait été destiné à l’éducation morale des princes, mais son audience fut plus large. Considéré comme un modèle de style et apprécié pour ses illustrations, il remporta un immense succès auprès d’un public de lettrés.

Les deux chacals Kalîla et Dimna
Les deux chacals Kalîla et Dimna |

Bibliothèque nationale de France

Le combat des hiboux et des corbeaux
Le combat des hiboux et des corbeaux |

Bibliothèque nationale de France

Une source d'inspiration pour La Fontaine

Fable : le renard et le tambour
Fable : le renard et le tambour |

Bibliothèque nationale de France

La version d’Ibn al-Muqaffa‘ fut abondamment traduite, en persan, en turc, mongol, latin et inspira de nombreux écrivains. Des exemplaires, enluminés ou non, rapportés par des savants ou des ambassadeurs, enrichirent les grandes bibliothèques européennes. En 1644, une version française, réalisée à partir d’une nouvelle traduction persane du texte d’Ibn al-Muqaffa‘, fut publiée par Gilbert Gaulmin. La Fontaine emprunta aux histoires de Kalîla et Dimna les éléments ou la trame de quelques-unes de ses Fables : Le Chat, la Belette et le Petit Lapin, Le Chat et le Rat, Les Deux Pigeons, La Laitière et le Pot au lait

Provenance

Cet article provient du site Art du livre arabe.­

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