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Focus

Les ouvrages scientifiques arabes

Le Canon d’Avicenne : une somme médicale majeure
Le Canon d’Avicenne : une somme médicale majeure

Bibliothèque nationale de France

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Fondée sur la religion musulmane et sur la langue arabe, la culture islamique s’est édifiée en intégrant des savoirs étrangers, essentiellement grecs et persans, et en créant des œuvres originales.
Traité d’horlogerie
Traité d’horlogerie |

© Bibliothèque nationale de France

C’est surtout à partir du 9e siècle, sous le califat abbasside d’al-Ma’mûn – sans doute le premier grand mécène –, qu’une véritable politique culturelle se met en place. Le calife fait rechercher et traduire en arabe des textes anciens, philosophiques (Aristote, Platon) et scientifiques (Galien, Hippocrate, Dioscoride, Ptolémée, Euclide, Archimède et des astronomes et mathématiciens indiens…). Ces œuvres suscitent chez les érudits des confrontations avec les préceptes du Coran, des analyses, des interprétations, des vérifications à partir de nouvelles observations et de raisonnements. De grands courants de pensée s’épanouissent alors et s’affrontent, à Bagdad d’abord, puis dans d’autres capitales (Boukhara, Le Caire, Cordoue), donnant naissance à une philosophie et des sciences spécifiquement arabes. Dans toutes les disciplines apparaissent des traités qui, assez vite, circulent en Occident, où ils sont bientôt traduits en latin, pour servir, à leur tour, de fondement à l’enseignement philosophique et scientifique européen. Ainsi, entre autres, les ouvrages d’al-Khwârizmî sur l’astronomie et les mathématiques, les commentaires d’Averroès (Ibn Rushd) sur Aristote, ou encore le Canon de la médecine d’Avicenne (Ibn Sînâ), enseigné dans toutes les facultés de médecine jusqu’au 17e siècle.

Les sciences médiévales arabes

Le Canon d’Avicenne : une somme médicale majeure
Le Canon d’Avicenne : une somme médicale majeure |

Bibliothèque nationale de France

Les sciences arabes s’élaborent à partir de la traduction systématique des grands traités grecs de philosophie, mathématique, astronomie, physique, chimie, médecine, pharmacologie, géographie, agronomie. Des œuvres persanes et des ouvrages indiens de mathématiques et d’astronomie sont également recueillis. Les savants enrichissent alors tout cet héritage par des observations, des expériences, des innovations, en particulier dans le domaine des mathématiques (création d’une nouvelle arithmétique, développement de la géométrie et de la trigonométrie, invention de l’algèbre). De nouveaux traités de médecine (de Rhazès à Avicenne), de géographie, d’astronomie sont écrits et circulent en Occident. L’Europe à son tour s’appropriera ce nouveau savoir en le traduisant.

Un des premiers ouvrages grecs traduits

Le De materia medica de Dioscoride, médecin grec du Ier siècle, est un ouvrage de pharmacopée qui recense cinq cents plantes. Il a été maintes fois traduit, enrichi, commenté, copié, et a servi de base à la rédaction d’un grand nombre de traités botaniques dans tout le monde médiéval.
La première traduction en a été réalisée à Bagdad par le fils d’Hunayn ibn Ishâq (808-873), savant chrétien syriaque, médecin des califes, qui écrivit des traités médicaux et traduisit un nombre impressionnant d’ouvrages grecs en syriaque, puis du syriaque en arabe.

Botanique issue de manuscrits grecs
Botanique issue de manuscrits grecs |

© Bibliothèque nationale de France

Une thérapeutique, la thériaque

Tableau des serpents
Tableau des serpents |

Bibliothèque nationale de France

Cet ouvrage, présenté comme la traduction d’un commentaire d’un discours de Galien, est en fait un recueil de textes sur la thériaque, préparation pharmaceutique contre les morsures de serpents.
Une mise en page très travaillée répartit les espaces réservés aux titres, au texte et aux peintures. Des portraits figurent les médecins de l’Antiquité qui ont élaboré le remède. Treize planches représentent les plantes qui entrent dans la composition du produit, le nom de chaque plante étant inscrit en coufique au-dessus, dans un cartouche décoré.
Au-delà de leur fonction pédagogique, les images revêtent parfois un aspect plutôt narratif : des miniatures, véritables scènes de genre, illustrent des anecdotes relatant la découverte de plantes bienfaitrices ou la préparation de la thériaque.

Un traité d’astronomie

L’Almageste de Ptolémée, traduit en arabe dès le 8e siècle, servit de base à l’astronome iranien Abd al-Rahman al-Sufî pour rédiger, à la demande d’un sultan buyide de Bagdad, un traité sur les étoiles, qui allait servir de référence durant l’époque médiévale jusqu’en Europe.
Selon le système de Ptolémée, la Terre, sphérique et fixe, est située au centre du cosmos, lui-même sphérique.
Les « planètes » (Soleil, Lune, Vénus, Mars, Saturne) tournent autour d’elle. Au-delà , dans une huitième sphère, des groupes d’étoiles fixes forment des constellations. Chaque constellation est représentée, comme dans les textes grecs, par un personnage différent, dont le tracé est déterminé par la position des étoiles (les points rouges). Le dessin lui-même (visages, costumes) est d’influence persane.

La « science » astronomique

Signe du capricorne associé à Sarturne
Signe du capricorne associé à Sarturne |

© Bibliothèque nationale de France

Dans le monde islamique médiéval, astronomie et astrologie sont très proches. Basée sur un savoir astronomique transmis des Grecs aux Arabes, l’astrologie étudie le mouvement des planètes afin de comprendre comment il affecte les activités journalières. Cette science jouit d’une grande popularité en Islam comme en atteste Le Livre des nativités rédigé au 11e siècle par l’un des astrologues arabes les plus renommés, connu en Occident sous le nom d’Albumasar († 886). Ses œuvres, traduites en latin à la Renaissance, prolongèrent sa renommée et accrurent l’audience de l’astrologie.