Dès qu’il sait lire, de nouveaux univers à explorer vont s’offrir à lui : les livres de ses parents, certes, mais aussi des recueils de "leçons de choses", des récits d’aventures, des histoires de "clubs" ou de "clans", etc. Textes et images sont souvent indissociables, si bien qu’étudier l’histoire du livre pour enfants suppose d’envisager à la fois celle de ses auteurs et celle de ses illustrateurs.
Force est de constater cependant que l’essor du livre pour enfants, en dehors de la pédagogie, ne devient possible qu’à partir du moment où la société reconnaît à l’enfance un statut particulier, ce qui se produit principalement au XVIIIe siècle, dans le sillage de John Locke et de Jean-Jacques Rousseau. Et c’est fort logiquement que le livre pour enfants n’apparaît en tant que genre littéraire à part entière et en tant que secteur éditorial que dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, pour connaître son plein épanouissement à partir du siècle suivant. Progressivement se forme également la distinction entre, d’une part, une littérature destinée à l’origine aux adultes puis passés dans le répertoire de l’enfance (Jonathan Swift, Daniel Defoe, Walter Scott, Alexandre Dumas) et, d’autre part, une littérature adressée spécifiquement à la jeunesse, par exemple Les Aventures de Jean-Paul Choppart de Louis Desnoyers, publiées en 1832.
Roland Topor : "Il y a des livres que les adultes trouvent très compliqués et que les enfants dégustent comme des tartines. Et réciproquement. Il y a des enfants stupides et des adultes idiots. Mais pas dans les mêmes proportions."
Les adultes et les enfants n’ont pas forcément la même perception face à un univers textuel ou graphique. Et les livres pour enfants en disent souvent plus sur les intentions des adultes qui les proposent ou les imposent que sur les attentes des enfants : "Les uns [les adultes] , achètent des livres qu’ils ne lisent pas. Les autres [les enfants] lisent des livres qu’ils n’auraient pas achetés…"